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5 questions à Hilda Saint-Hilaire, plasticienne et rédactrice haïtienne résidant en Floride
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5 questions à Hilda Saint-Hilaire, plasticienne et rédactrice haïtienne résidant en Floride

Par Jean Emmanuel Jacquet

Dans notre rubrique 5 questions à un.e professionnel.le, nous allons à la rencontre de la plasticienne et rédactrice Hilda Saint-Hilaire. Elle a étudié les Arts plastiques à l’Ecole Nationale des Arts (ENARTS), et les Communications sociales à la Faculté des Sciences humaines (FASCH) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH). Entre une quête continue de soi dans une société étrangère, capitaliste, et la force intérieure dont l’art demeure le suc, cette artiste et journaliste de la diaspora haïtienne des Etats-Unis nous livre son cœur.

SiBelle Haïti : Comment arrivez-vous à exister, en terre étrangère, en tant que peintre ?

Hilda Saint-Hilaire : Très difficile de répondre (Rires). Bon, ici, aux Etats-Unis où je vis, s’il fallait à mon arrivée, compter sur mon art pour vivre, je serais à la rue depuis le début. Sans compter toutes les barrières culturelles et/ou linguistiques qui existaient et qui en réalité finissent par être résolues, mais cela prend généralement du temps. Et comme on dit, les Haïtiens sont des « Survivor ». Lorsque je suis entrée aux Etats-Unis, il y a 10 ans, j’y étais pour des vacances, je devrais y passer deux mois environ, et puis, boom!, le tremblement de terre de 2010. Et tout a basculé mon monde. Comment rester et vivre dans un pays dans lequel je n’avais personne sur qui compter ?

S.H. : Alors, cela veut dire que l’artiste peut cesser d’exister en de telles situations?

H.S-H. : Oh non ! Pas exactement. Je peux dire que je suis artiste non par choix, mais choisie par le dieu de l’art (Rires). Ce qui fait que, peu importe les circonstances, l’artiste en moi survivra. Je dois aussi mentionner que j’ai travaillé pendant plus de 8 ans comme rédactrice au journal hebdomadaire Haïti Progrès, donc c’est une expérience importante et d’une grande utilité. Elle m’a fortifiée. Pour revenir à la question de mon existence comme artiste en terre étrangère, je dirais qu’en dépit des difficultés du début, je n’ai jamais négligé mes pinceaux.

Toile de Hilda Saint-Hilaire

S.H. : Le dessin est ainsi votre métier d’art de complaisance. Porte-t-il un regard particulier sur tout cela ? La vie par exemple d’un artiste haïtien. Sinon, quels thèmes explorez-vous ? Et quel avenir pour cet art aujourd’hui en Haïti ?

H.S-H. : J’ai toujours été fascinée par le regard des gens. L’expression du vissage quand la personne ne se rend pas compte qu’elle est observée… Pour peindre ces expressions, j’utilise la palette qui pour moi décrit le mieux ce que je vois, ce que je ressens dans le moment. Je pense que cet art a de l’avenir, en dépit des problèmes de mon pays. J’ai personnellement un regard positif sur notre culture, particulièrement en ce qui a trait aux arts visuels. Cependant, il faut qu’il y ait tout simplement une certaine volonté de la part des institutions publiques concernées d’investir dans ce domaine. Ce faisant, on sera toujours, et au fur et à mesure, étonné de découvrir les potentialités de nos jeunes dessinateurs.

Portrait de sa mère

S.H. : Parlez-nous de vos expériences en Haïti en tant de plasticienne, lorsque vous n’avez pas encore laissé le pays?

H.S-H. : J’ai pris part à deux expositions d’arts plastiques dont l’une a été réalisée dans la commune de Carrefour où j’habitais à l’époque. J’ai aussi participé à un concours de peinture pour jeunes talents, organisé par l’Institut français en Haïti, j’étais encore à l’ENARTS à ce moment-là. A ce propos, je tiens à rendre hommage à mon défunt père, qui, malgré ce qu’on disait des artistes, m’avait toujours encouragé dans ce domaine. Il était très fier de ce que je faisais, de mes œuvres notamment, ne ratant jamais une occasion de me présenter à ses amis comme l’artiste de la famille. Aujourd’hui, papa n’a pas une mais deux peintres dans la famille, sa petite-fille, ma nièce, Neish-Kha Nosalliance, qui est, elle aussi, très talentueuse. Tout cela vient aussi renforcer ma position sur l’avenir de cet art, et aussi des jeunes artistes quelque soit leur medium. L’avenir de la culture haïtienne repose sur eux. J’espère néanmoins qu’un jour les décideurs de mon pays en prendront conscience.

SiBelle Haïti : Parlez-nous de vos projets ?

Hilda Saint-Hilaire : Je travaille actuellement sur une exposition de mes œuvres. Je n’ai pas encore de date ni de lieu précis. Je vis actuellement en Floride. J’y viens tout juste d’emménager. Il est probable que je la réalise ici, mais je privilégie New York où j’ai habité durant les dix dernières années. Cependant, ce serait aussi un réel plaisir de pouvoir réaliser ce projet en Haïti.

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