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5 questions à Rudy Laurent, ancien maire suppléant de Spring Valley, à la conquête de Rockland County
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5 questions à Rudy Laurent, ancien maire suppléant de Spring Valley, à la conquête de Rockland County

Par Jean Emmanuel Jacquet

Dans notre rubrique 5 questions à un.e professionnel.le, nous rencontrons aujourd’hui Rudy Laurent, ancien consultant spécial des Nations-Unies au niveau du Conseil économique et social, ancien Maire suppléant de Spring Valley et candidat aux législatives de novembre prochain pour la province de Rockland County.

Sibelle Haiti : Parlez-nous un peu de vous (votre parcours). Comment avez-vous gravi les échelons au niveau de la société américaine, en passant par la politique, jusqu’à aujourd’hui où vous êtes candidat aux prochaines législatures aux Etats-Unis pour Rockland County (district 8) ?

Rudy Laurent : Originaire de Jérémie, je suis né à Port-au-Prince. J’ai effectué toutes mes études dans la capitale haïtienne, jusqu’à ce moment où j’allais obtenir, il y a quelques années, la nationalité américaine, grâce à mes parents qui y étaient des citoyens avant même que j’eus atteint ma majorité. Communication et relations publiques, voici les champs que j’ai visés sitôt arrivé aux Etats-Unis, pour ensuite me spécialiser dans les Relations internationales. Ces compétences m’ont permis durant ces dix dernières années de servir comme consultant dans des firmes et autres sociétés.

Je garde malgré tout un amour pour les deux pays, car je suis à cheval sur la politique dans chacun d’eux. J’ai eu des collaborations avec plusieurs gouvernements en Haïti, je leur ai fourni des conseils durant ces huit dernières années, surtout en matière de relations publiques et internationales.

Père de quatre enfants; ma femme est aussi originaire d’Haiti. Mon aîné a vu le jour en Haïti et les trois autres aux USA. J’ai donc des responsabilités envers ces deux patries, considérant Haïti comme une mère et les USA comme ma femme. Je fais partie d’un mouvement qui est le Conseil mondial de la diaspora haïtienne qui est une initiative visant à orienter le secteur organisé de la diaspora. Il regroupe le clergé haïtien au niveau de la diaspora. On a aussi un mouvement qui vise à regrouper tous les élus haïtiens à travers le monde. Tous ces mouvements prennent naissance dans le but de mettre ensemble ces connaissances pour une force d’impact.

S.H. : Vous vous préparez aujourd’hui à prendre part, dans moins d’un mois, soit le 5 novembre prochain, aux prochaines législatures aux Etats-Unis, pour la province de Rockland, où en êtes-vous au niveau des préparatifs ?

R.L. : Les formes de gouvernement aux Etats-Unis, surtout au niveau législatif, sont séparées en deux étapes : un gouvernement bicaméral et un gouvernement unicaméral. Ma candidature prend forme dans un type de gouvernement unicaméral pour un espace situé au nord des Etats-Unis, appelé Rockland County. Je suis le deuxième Haïtien à aspirer à cette position et le plus jeune candidat à réussir le parcours pour parvenir aussi loin dans les élections générales.

Le premier Haïtien d’origine africaine ayant brigué à ce poste fut le Dr. Jacques Michel qui est à présent retraité. Et aujourd’hui je suis l’unique Haïtien en lice pour ce poste dans une assemblée à forte majorité de « blancs ». Je fais partie d’un nouveau mouvement aux Etats-Unis qui est la troisième voie. Ce mouvement n’est ni entièrement démocrate, ni entièrement républicain. Les membres s’allient afin de trouver une alternative plus proche de la population qu’ils veulent représenter.

S.H. : Quel est donc votre plan pour convaincre cette communauté de Rockland County composée non seulement d’Haïtiens d’origine mais aussi de communautés distinctes?

R.L. : Le concept de communauté ou encore de groupe ethnique est vraiment important pour la nation américaine; c’est pourquoi, un système est mis en place à chaque décennie, au niveau de la Loi, pour regrouper les communautés. Nous, au niveau de la communauté haïtienne, estimons qu’il nous manque d’espaces pouvant favoriser notre émergence.

L’une des batailles dans lesquelles je vais me livrer c’est de permettre à ce que notre communauté soit protégée par rapport à certaines injustices, grâce à des structures que je vais mettre sur pied. Certains ne croient pas d’ailleurs qu’on soit assez méritant pour accéder à l’espace de Rockland County. Alors, une émergence culturelle, voilà ce pour quoi on va se battre.

S.H. : Quelle idée faites-vous de votre concurrent immédiat à ces élections ?

R.L. : Les enjeux sont de taille et la compétition agressive. Mon rival est celui-là même qui préside l’actuelle Législature. Son nom est Toney Earl et il est déjà à son deuxième mandat. Il part donc à la recherche de ce titre une 3e fois. Cependant, sa candidature est contestée par la majeure partie de la contrée à cause de son affiliation à un groupe ethnique. Il aurait reçu, selon certains, des pots de vin pour protéger ce groupe. C’est l’un des plus grands challenges de la communauté noire et cela a nécessité beaucoup d’efforts.

Sibelle Haïti: Nous finissons l’entretien avec vos rapports avec la diaspora haïtienne. Vous avez récemment été en Haïti pour rencontrer l’actuel Ministre des affaires étrangère, Edmond Bocchit. Comment voyez-vous notre diaspora ? Qu’attend-elle de l’Etat haïtien? Comment peut-elle s’impliquer dans les affaires d’Haiti?

Rudy Laurent: Ma dernière intervention auprès du Ministre des affaires étrangères consistait à me renseigner sur la position de l’Etat par rapport aux Haïtien.ne.s enclins à la déportation à cause du dossier « TPS ». Quel devrait être le travail de l’Etat par rapport aux efforts qu’effectuent certains acteurs dans la diaspora ? « L’État américain ne nous contacte presque plus par rapport à certaines décisions qu’il prend, comme cela a été avant », c’est ce que m’avait expliqué le Ministre Bocchit. La décision de déporter les Haïtien.ne.s est donc une décision unilatérale.

Questionné sur l’engagement de l’Etat vis-à-vis de ces déportés ou de ceux dont leur nom est sur la liste de déportation, M. Bocchit a avoué qu’il n’y a pour l’instant aucun terrain d’entente pour parvenir à réagir sur ces cas. C’est donc à la communauté haïtienne de la diaspora aux Etats-Unis de prendre le dossier en main. En outre, l’État haïtien n’est même pas prêt à accueillir les éventuels déportés ni ne dispose d’aucune politique pour venir en aide à nos compatriotes en détresse pour leur « TPS ».

Retranscrits par Valéry Gérome 

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