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Je vous salue Marie
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Je vous salue Marie

Par Mérès Wèche Sr.

Je vous salue Marie.
Dans le lieu de vérité où vous êtes, Recevez cet Ave comme un ultime aveu, Car l’heure est grave dans le monde que vous avez quitté.

J’avoue que j’ai vécu, disait Pablo Nerudaː

“ Peut-être n’ai-je pas vécu en mon propre corps ; peut-être ai-je vécu la vie des autres ».

Ce poète chilien, auteur de “ le Chant général“, superbe morceau de littérature, écrivait ces mots-souvenirs, quelques jours avant sa mort, en hommage posthume à son ami Salvador Allende.

Moi, de mon atelier étant, dans la froidure de Montréal, et pris dans la frousse d’une pandémie d’incompréhension, je vous en prie, brisez enfin cette glace qui nous a trop longtemps gelés. Car nous sommes les seuls à savoir pourquoi la saison fut si froide…

Á mon atelier, j’ai la tête dans le Cosmos et les yeux rivés vers le désert où je vous ai vue vous en aller un soir de juillet. Espérons que ce “Lion“, appelé “León“, dans la langue de Neruda, n’habite pas ces montagnes de sable dans lesquelles se sont engloutis nos espoirs.

Je vous salue Marie pour vous dire, en toute sincérité, que je vous absous sur terre, en attendant que vous me rameniez mes amours perdues. Le monde qui s’écroule, par absence d’amour, de vérité et de lumière, ignore les fins fonds de ma prière. Vous, je sais que vous savez de quoi je parle ː ce secret que j’ai toujours gardé dans le silence le plus profond. Je dois une fière chandelle à Alfred de Vigny de qui je tiens ce très beau versː “ … Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse “.

En vous voyant partir dans la solitude de ce désert, j’avais pensé tout de suite à Khalil Gibran qui écrivaitː“ La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes“. Autrement dit, seule dans votre tombe, loin de toutes ces interprétations fallacieuses de notre séparation, vous pouvez enfin vous résoudre à rompre ce silence qui n’a que trop longtemps duré. Même si c’est le seul lieu où l’on n’entend que l’essentiel.

Vous savez, les gens continuent de parler de nous et disent n’importe quoi. Sans savoir quel bât nous a blessés et quel poids nous avons supporté et su porter. Je vous fais ces aveux, même si vous n’aviez pas eu le temps de m’en faire les vôtres avant votre départ. Le songe étant le lieu des grandes révélations, pensez à revisiter nos enfants et dites-leur, je vous en prie, toute la vérité.

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