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Le rabòday : comprendre ses racines avant d’en coller une étiquette
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Le rabòday : comprendre ses racines avant d’en coller une étiquette

Par Stephen B. Alexandre

C’est autour du rabòday que s’est déroulée, le jeudi 6 juin 2019, à Jaden Sanba, la conférence de Jean Voltaire, dans le cadre de Jaden Pawòl organisé par Amwalaye Pwodiksyon. Sur le thème  » Le rabòday d’aujourd’hui, genre musical ou mouvement de contre-culture? », les échanges bien que contradictoires n’ont pas été des moindres.

Jean Voltaire a tenu en un premier lieu à redéfinir le rabòday dit contemporain, très prisé dans les milieux urbains par rapport au rabòday traditionnel. Pour le journaliste, le rabòday d’aujourd’hui peut se définir comme une trahison du rabòday traditionnel, genre musical s’apparentant au rara. C’est la manifestation d’une dissidence.

Dans son intervention, le conférencier a aussi pris en compte la décision du Ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, Pierre Josué Agénor Cadet d’interdire le rabòday dans les écoles. Le ministre se montrait alors du côté de ceux qui ne voient dans le rabòday joué par les DJ qu’une atteinte à la pudeur. Ce qui se révèle un peu étroit et même béat de la part du ministre, si on essaie d’élucider les propos de Jean Voltaire qui croit qu’il serait important de toucher à la racine même du rabòday avant de prétendre pouvoir y coller une étiquette.

L’intervenant tout en axant son travail sur la réflexion de Théodore Roszak dans son ouvrage intitulé « Vers une contre culture », a aussi évoqué quelques moments récents de ce mouvement en Haiti. Le show de l’artiste MechansT qui a provoqué la grogne chez bon nombre d’observateurs. L’attitude du Sénateur Jean Renel Senatus as Zokiki qui voulait à tout prix inculper le jeune rappeur. De l’avis de plus d’un, le chef du paquet aurait mieux à faire que s’attarder à des sujets qu’il n’arrivait même pas à cerner voire y réfléchir.

Le rabòday en tant que mouvement, tend à gagner encore du terrain. Il ne s’agit plus de la danse binaire et profane liée à la tradition des esclaves venus d’Afrique. C’est aujourd’hui vu comme étant le grand refus face à un système à détruire. Si profond qu’il tend à constituer, pour emprunter les mots de Roszak, un autre mode de vie, une autre culture, en bref, une véritable  » contre culture ».

Chanteurs de compas, rappeurs, humoristes, élèves, étudiants, politiciens, évangélistes, sont parmi ceux qui sont emportés par le cours de ce mouvement. On est pratiquement loin de pouvoir détruire ce système dont on ignore la nature vraie. On est plus enclin à le consolider en voulant le contrer, si on ne parvient pas à la compréhension du rabòday, mouvement de contre culture, ainsi que de ses liens avec le présent.

Après les échanges, la soirée était ponctuée de rythmes alléchants, par l’entremise de Foula Vodoule. Un aréopage d’hommes et de femmes ayant soumis l’assistance à différents morceaux, dans une ambiance rara à nulle autre pareille. 

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