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UEH / médecine traditionnelle face à la Covid 19 en Haïti : relevé de quelques éléments importants du rapport du jury de compilation et d’évaluation des remèdes traditionnels
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UEH / médecine traditionnelle face à la Covid 19 en Haïti : relevé de quelques éléments importants du rapport du jury de compilation et d’évaluation des remèdes traditionnels

 

Le jury de compilation et d’évaluation des remèdes traditionnels utilisés contre la Covid-19 en Haïti a présenté son rapport de travail le jeudi 30 juillet 2020. Formé de plusieurs membres du conseil exécutif de l’UEH parmi lesquels : les professeurs Audalbert Bien Aimé, ingénieur agronome, spécialiste en nutrition animale et professeur, Justin Casimir, chimiste et professeur, Marc Felix Civil, docteur en médecine, spécialiste en éthique et professeur, Ernst Noel, virologue et professeur et Marilise Rouzier, biologiste, botaniste et professeure. Ce conseil exécutif avait pour mission d’émettre un avis scientifique et éthique sur les formules et recettes utilisées ou mises en place, préciser les propriétés et les éventuels effets secondaires des plantes entrants dans la composition de ces recettes et faire des recommandations. Ce jury a abouti en si peu de temps avec des conclusions intéressantes capables de rassurer à certains égards les principaux défenseurs et promoteurs des recettes de la médecine traditionnelle en usage contre la Covid 19 en Haïti.

 

Environ 72 recettes traditionnelles recensées en utilisation pour prévenir et combattre la Covid 19. 70 produits différents dans les recettes avec une soixantaine d’espèces de plantes, cinq produits d’origine animale et minérale. Parmi les produits les plus utilisés dans les recettes on retrouve le miel, le gingembre, le citron, l’aloès (LAWA), du girofle, de l’ail, de l’oignon, de la cannelle et de l’armoise. D’autres produits utilisés sont la muscade, les œufs, le lait, l’eucalyptus, l’asosi, la citronnelle, le basilic, la carotte, le kase sèk, l’absinthe, le ricin, la betterave, la verveine, le moringa etc… La mode des préparations des recettes est la décoction, (bouillie), trempés sur alcool, jus, infusion etc… qui sont administrés par voie orale, parfois en des frictions ou bain ou en inhalation. Le temps d’administration des remèdes est en moyenne de cinq à dix jours. Pour la prévention une ou deux fois par jour. Ceux qui sont déjà atteints par la maladie c’est trois fois par jour.

 

Le jury a également émis des constats selon lesquels plusieurs recettes sont potentiellement capables de répondre à la fois aux symptômes et au blocage des complications alors que d’autres peuvent prévenir la maladie. Ceci indique une bonne connaissance de la phytothérapie et une adresse particulière à manier les plantes et à les associer (…).  Ce riche savoir a sans doute contribué à éviter de nombreuses pertes de vie au sein d’une population déjà affectée par une situation socio-économique catastrophique. Cependant, les membres du jury ont également fait des recommandations à savoir qu’à côté des effets positifs répertoriés pour que les recettes utilisées gagnent en efficacité et en sécurité, il est nécessaire d’attirer l’attention sur certains points importants. Dans l’ensemble, les plantes utilisées ne sont pas connues pour leur nocivité ce qui est quelque part rassurant. L’usage de certaines d’entre elles comme l’armoise, l’absinthe et l’absinthe marron n’est cependant pas sans danger et devraient être évités par voie orale. Le fait d’associer plusieurs plantes au sein d’une même recette à ses avantages, mais aussi ses inconvénients.

 

L’inconvénient majeur décelé dans les recettes concerne l’effet anticoagulant des plantes. Certaines recettes comportent un trop grand nombre de plantes ayant cet effet et pourraient provoquer des saignements chez l’utilisateur. De ce point de vue et de façon plus général même lorsque les plantes auxquelles on fait appel ne présente individuellement pas de danger, certaines recettes tout en aidant à gérer les symptômes de la Covid 19 pèchent par la trop grande complexité de leur composition. La plupart des recettes ne devraient pas être utilisées par des femmes enceintes ou allaitantes ou  des enfants en bas âge. Les hypertendus et les diabétiques nombreux dans le pays et qui constituent des groupes vulnérables doivent être vigilants et éviter les recettes à composition  complexe.

 

Une règlementation des utilisations traditionnelles est absolument nécessaire. Elle doit tenir compte des normes internationales en la matière tout en conservant l’originalité des pratiques et garantir le droit de propriété. Toutefois, le jury demande de prendre très au sérieux la Covid 19 et respecter les consignes du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et continuer à faire usage des plantes médicinales contre la Covid 19 en s’informant, en  évitant les plantes pouvant présenter une toxicité et en étant modéré dans les quantités et dans les mélanges d’espèces. Il invite, par ailleurs, la population haïtienne a profité pleinement des produits locaux riches en vitamines et en minéraux et consommé davantage d’aliments tels : cerise, cacao, mangue, avocat, cresson, moringa. En renforçant le système immunitaire ces aliments protègent contre la Covid 19 mais aussi contre d’autres maladies infectieuses. Protéger l’environnement qui est le garant de la santé et du maintien de cette médecine naturelle qui a la capacité de soigner au quotidien tout un chacun.

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