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5 questions à Laura Pincus Hartman, fondatrice de la School of Choice/École de Choix de Mirebalais
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5 questions à Laura Pincus Hartman, fondatrice de la School of Choice/École de Choix de Mirebalais

Par Jean Emmanuel Jacquet

Dans notre rubrique 5 questions à un.e professionnel.le, nous avons rencontré Laura Pincus Hartman, fondatrice, directrice générale et présidente du conseil d’administration de la School of Choice/École de Choix de Mirebalais. Elle est aussi quelqu’un qui a joué un rôle déterminant dans la conception et la mise en œuvre pratiques de Zafèn, un système de micro-développement, de financement et d’éducation pour les Haïtiens en situation de pauvreté. Auparavant, elle avait enseigné l’éthique, le leadership et la stratégie à l’école de commerce de l’Université DePaul (Chicago, États-Unis), ainsi qu’à l’Université de Boston, entre autres écoles de commerce à travers le monde. Laura Pincus Hartman est diplômée de l’Université Tufts (BS) et de l’Université de Chicago (JD).

SiBelle Haiti: Parlez-nous rapidement de votre institution, la School of Choice/École de Choix. Sa date de création. Son objectif premier.

Laura Pincus Hartman: L’École de Choix a été créée à Mirebalais juste après le tremblement de terre en Haïti, en 2010, et était l’une des seules écoles rurales d’Haïti à se consacrer spécifiquement au développement du leadership. L’école a émergé à la suite de consultations approfondies avec notre communauté locale qui a cherché à remédier au manque historique d’accès à une éducation de haute qualité dans la région du Plateau central.

Notre programme vise à renforcer les capacités de nos étudiants afin qu’ils puissent apporter des changements à leur pays – contribuer à réduire la pauvreté, réduire les disparités de revenus et en particulier éliminer l’impact de ces graves problèmes sur les femmes, les filles et les garçons vivant en Haïti.

Les élèves de Choix dansent et chantent lors du montage en harmonie

S.H. : Comment tout cela a-t-il commencé ? Et pourquoi avez-vous choisi Mirebalais pour vous établir ?

L.P.H. : Eh bien, moi (personnellement) je travaillais en Haïti depuis 2002. J’étais professeur à l’Université DePaul (Chicago), spécialisée dans l’éthique, le leadership et la stratégie à la Business School de DePaul. Après avoir travaillé dans le secteur de l’agriculture, j’ai ensuite représenté DePaul dans le cadre d’un partenariat à grande échelle entre DePaul, Vincentian Family et Fonkoze, où nous avons lancé Zafen, un programme de microfinance en ligne géré par Fonkoze.

Beaucoup de nos petits entrepreneurs étaient basés à Mirebalais, alors j’ai bien connu la communauté! Cependant, c’était « très » frustrant pour moi parce que je me suis rendu compte que beaucoup de ces gens de la petite entreprise n’avaient pas ou très peu d’éducation et que l’éducation qu’ils avaient n’était pas bonne. En tant qu’éducateur, j’avais l’impression que c’était une façon de travailler en solidarité avec les Haïtiens et d’apporter ma contribution. Mirebalais avait donc du sens parce que je connaissais déjà la communauté. Éventuellement, j’ai tellement aimé le travail, qu’il y a quelques années j’ai quitté mon emploi chez DePaul pour venir diriger maintenant l’école à plein temps.

S.H. : Le personnel et les enfants, d’où viennent-ils ? Combien en avez-vous ? Quel est votre constat ?

L.P.H. : La plupart des enseignants en Haïti sont passés par la 9e année. Sans recevoir l’instruction d’un éducateur qualifié. Et de nombreux étudiants haïtiens ont du mal à réussir sur le plan académique. Ce manque d’infrastructures éducatives freine la croissance d’Haïti et renforce également les facteurs qui contribuent à l’extrême pauvreté et à l’absence de possibilités pour le pays.

L’infirmière de Choix prend soin de ses écoliers

À l’École de Choix, tous nos enseignants principaux ont des diplômes universitaires et des certificats d’enseignement (et tous les membres du personnel sauf un sont Haïtiens et ont fait leurs études en Haïti). Chaque salle de classe a également un assistant enseignant, de sorte que le ratio étudiant/enseignant est de 15: 1. Nous employons un peu plus de 40 personnes et payons un salaire décent.

Au cours des dix dernières années, l’École de Choix n’a jamais manqué une période de paie. Comme vous le savez, en Haïti, c’est assez exceptionnel, mais nous sommes très attachés à notre personnel et à notre communauté. Comme vous pouvez l’imaginer, c’était difficile à réaliser au cours de ce cycle de paie de fin septembre, lorsque tout Mirebalais – et Haïti – a été fermé en raison de manifestations nationales contre le président. Cependant, en raison de nos relations étroites avec le directeur de notre banque à Mirebalais, nous avons pu accéder à nos fonds, sécuriser leur transport vers le campus et maintenir un environnement sûr pour que notre personnel puisse arriver et les récupérer.

En réalité, nous étions apparemment la seule institution de la ville à pouvoir veiller à ce que son personnel ait accès à ses salaires à ce moment extrêmement important. Ce n’est qu’un exemple de l’importance que revêt notre communauté à Choix, à la fois pour nous, notre personnel et nos étudiants. Par contre, nous avons beaucoup de mal à trouver des fonds pour l’École. C’est notre plus gros problème en ce moment. Il est très difficile de trouver des contributions (dons) ces jours-ci. Donc, autant difficile de monter notre budget.

S.H. : En effet, nous allions vous poser cette question. Comment est le soutien du gouvernement haïtien? Y a-t-il un partenariat déjà établi ?

L.P.H. : Non, bien que nous soyons inscrits au Ministère de l’Éducation en tant qu’école haïtienne et suivions complètement le programme prescrit par le gouvernement haïtien. Nous avons un leadership académique à travers un partenariat avec la très estimée école « Aux Alizés » de Port-au-Prince, qui guide notre programme académique pour nous assurer de suivre le programme haïtien. Mais le ministère de l’Éducation soutient fondamentalement le système scolaire public d’Haïti qui, bien que petit, semble exiger beaucoup de son attention. Nous recevons tout notre soutien financier des donateurs individuels et des donateurs institutionnels.

Les élèves de Choix dans leur classe

SiBelle Haïti : Avez-vous un projet spécifique à court ou moyen terme (pour l’école)?

Laura Pincus Hartman : Pour être honnête, et vous pouvez certainement partager cette pensée – nous en avons un. Je vous dirai plus bas. Toutefois, certains de nos projets spécifiques ont été suspendus cette année en cours, en raison notamment de la diminution spectaculaire du financement. Bien sûr, il ne s’agit pas que du financement pour Choix, mais malheureusement, des organisations à travers tout le pays ont constaté une baisse spectaculaire de leurs contributions. Au contraire, à mon avis, le moment est venu où les contributeurs devraient doubler d’efforts sur Haïti et investir dans l’éducation, car l’éducation des jeunes représente un moyen de garantir la stabilité future d’Haïti. Mais c’est dur.

Nous disposons actuellement d’un financement pour un « programme SEL », un programme d’apprentissage social et émotionnel. Nous avons des fonds de subvention pour amener sur le campus un travailleur social haïtien hautement qualifié qui travaillera avec notre personnel et nos professeurs afin de les informer de la meilleure façon de travailler avec tous nos étudiants. Cependant, comme je vous l’ai dit, la situation est en suspens jusqu’à ce que l’environnement en Haïti se calme un peu. Nous reprendrons le projet dès que nous le pourrons !

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