APPART (Agence de Protocole et de Promotion Artistique) et Chokarella, présentent le 29 juillet 2020 dans la soirée la pièce théâtrale à succès « Pèlen tèt » de l’écrivain spiraliste et dramaturge haïtien Franckétienne. Avec la participation de Adrece, une structure théâtrale qui s’intéresse à la culture vodou et le théâtre en particulier, « Pèlen tèt » sera en « Live Streaming » sur les plateformes de Chokarella, la Direction Nationale du Livre (DNL) et la Bibliothèque Nationale d’Haiti entre autres.
La représentation de cette pièce de théâtre en pleine période de crise sanitaire due à la Covid 19 permettra dans un premier temps de récolter des fonds pour soutenir le « KBSS » Konbit Bibliothèque Site Solèy. Et ce sera aussi l’occasion de déconfiner le secteur théâtral mis en pause durant la pandémie du Coronavirus.
Tragi-comédie à succès, « Pèlen tèt » a bercé toute une génération. Certains Haïtiens connaissent par cœur plusieurs extraits de cette pièce présentée en 1978. Elle a été interprétée à l’époque par Roland Dorfeuille et François Latour, deux comédiens exceptionnels qui ont passé malheureusement l’arme à gauche. Pour cette nouvelle version de « Pèlen tèt » plus de quarante ans plus tard, trois comédiens : Kenny Laguerre dans le rôle de Pyram, Esmond Erthon celui de Polidò et un troisième comédien interviendra dans la pièce sous l’inspiration du metteur en scène, il s’agit de Stevenson Saitiné qui incarnera le troisième personnage représentant la conscience collective.
Pour le metteur en scène, Staloff Tropfort « Pèlen tèt » est un classique haïtien. La pièce demeure d’actualité dans la mesure où elle fait la caricature des dirigeants haïtiens incompétents et irresponsables. Franckétienne avait en même temps dressé le portrait des intellectuels haïtiens suffisants qui ne se sont pas trop impliqués dans la vie politique de la cité. « Pèlen tèt » met également en scène des prolétaires qui s’accrochent à la résilience et à la résignation et qui se battent pour survivre dans une Haiti qui s’enlise de jours en jour dans les bas-fonds du sous-développement. « En tant que metteur en scène, l’idée de représenter « Pèlen tèt » ce classique haïtien c’est une façon de toucher les plaies béantes de la société haïtienne. », a déclaré Staloff Tropfort.
La pièce de Frackétienne nous emmène dans un sous sol à New York. Deux concitoyens haïtiens. Un duo improbable. L’intellectuel et l’analphabète. Polidò contraint de partir pour sauver sa peau et l’ouvrier acharné qui n’a d’ambition que pour sa petite vie, sa petite famille. Ces deux hommes partageant cet espace caverneux, parlent d’Haiti, de leur vie respective et de leurs chimères. « Pèlen tèt » retrace le parcours de deux hommes issus de deux milieux différents, le rural et l’urbain ; mais aussi d’une époque, celle de la dictature des Duvaliers. L’urgence d’exister, le mal du pays et la frustration des exilés sont mis en exergue dans la pièce. Dans ce sous-sol, Polidò (l’intellectuel) et Pyram (l’ouvrier) sont condamnés à se supporter l’un l’autre. Polidò tourmenté par les démons de la dictature se noie dans ses livres et ses réflexions tandis que Pyram broyé par ses frustrations, ressasse sans cesse les souvenirs d’Haiti. Cette pièce est une comédie tragique du répertoire classique haïtien. Même déplacé du contexte de sa création, « Pèlen tèt » se veut une pièce d’actualité.