Par Jean Emmanuel Jacquet
Dans notre rubrique 5 questions à un.e professionnel.le, nous rencontrons Carel Pedre, grande figure de la radio et de la télévision en Haïti, spécialiste des médias sociaux, réalisateur et producteur. En tant qu’animateur de Chokarella sur Radio One et/ou des émissions de télévision telles que «Kiyès Ki Towo A» et «Digicel Stars», Carel Pedre s’est grandement imposé en Haïti et dans la diaspora. D’ailleurs, il vient à peine d’être distingué, au cours de ce mois de septembre 2019, pour l’ensemble de ses activités, par la Chambre de Commerce Haïtiano-américaine de la Floride(HACCOFL). Retour sur cet entrepreneur dynamique et sur son regard sur l’actualité des médias sociaux en Haïti.
Sibelle Haïti : Parlez-nous d’abord de cette distinction qui vient saluer vos efforts. Avec quels sentiments la recevez-vous ?
Carel Pedre : ”YOPRO 20 under 40” est cette cérémonie organisée depuis tantôt trois ans par la Chambre de Commerce Haïtiano-américaine de la Floride qui récompense 20 jeunes Haïtiens Américains entrepreneurs, qui exercent un travail positif au sein de leurs communautés. Cette année, outre les 20 jeunes choisis, YOPRO a honoré 3 autres jeunes entrepreneurs dont Etzer Emile, Dave Fils-Aimé et moi. Etzer Emile a reçu une plaque d’honneur, tandis que Dave et moi avons reçu chacun un trophée.
“C’est avec un sentiment de fierté et d’accomplissement que j’ai reçu ce trophée; cela prouve que mon champs de travail, en ce qui a trait à l’espace géographique, s’est élargi et n’est pas seulement reconnu en Haïti. De plus, je reste toujours connecté à la communauté haïtienne de la Floride; d’autant plus que mon concept “Take over” a vu le jour là-bas, à Miami. C’est donc un énième trophée qui vient encourager mon travail et me donner la force de continuer.
S.H: Encore félicitations ! Vous êtes à fond sur beaucoup d’initiatives. C’est la célébration de votre énergie. Et, sans citer ces nombreuses initiatives, quelle est votre dernière-née, et que propose-t-elle ?
C.P. : Il est un peu difficile pour moi de parler de dernière-née; vu la situation politique du pays, presque tous mes projets et travaux sont restés enfouis ou cachés dans mon tiroir. Par ailleurs, un nouveau projet fera certainement surface très prochainement. De nouvelles séries télévisées qui passeront sur internet, des broadcasts et/ou des émissions, afin de renforcer Chokarella à travers les réseaux sociaux.
S.H.: Aujourd’hui, beaucoup pensent, et ils ont raison sur beaucoup de points, que vous êtes un des pionniers des réseaux sociaux en Haïti. Comment voyez-vous ce secteur aujourd’hui ?
C.P. : J’endosse volontiers ce titre car j’ai commencé à inviter les gens à utiliser les réseaux sociaux à travers les différents médias traditionnels auxquels j’ai eu accès dans le temps. A présent, je suis ravi de constater le nombre grandissant d’utilisateurs des réseaux sociaux. Ces derniers garantissant une voix et une large audience dépendemment de l’usage qu’on en fait, représentent en effet une opportunité pour les utilisateurs.
Cependant, à l’instar de tout outil, grande est ma stupéfaction devant le mauvais usage que font certains des réseaux sociaux. (Fake news, diffamation, rumeur). J’espère vivement qu’il y aura bientôt des lois pour combattre ces dérives en Haïti afin d’avoir une utilisation plus saine des réseaux sociaux.
S.H. : On dit que la data aujourd’hui sera considérée demain, si ce n’est pas déjà le cas aujourd’hui, comme le pétrole, tellement son utilisation pourra permettre tant de choses dans le futur. Y a-t-il un comportement à adopter par rapport aux utilisateurs ou des efforts à faire du côté des fournisseurs de services ?
C.P.: Le meilleur comportement qu’une personne puisse adopter quel que soit son niveau, est d’éviter de s’exposer car, on vit dans un monde très technologique aujourd’hui; ce que vous faites sur internet traduit votre personnalité. Ce sont des données que vous fournissez à des compagnies et qui vont pouvoir se faire une idée presqu’exacte de qui vous êtes. Je pense que la façon dont nous vivons sur internet devrait traduire exactement la façon dont nous vivons dans la vraie vie.
SiBelle Haïti : Vous et un groupe de professionnels poussez une structure (T-check) pour faciliter la vérification d’information diffusée ça et là sur les réseaux sociaux en Haïti. L’intoxication médiatique via l’internet, comme la désinformation, est un fléau mondial. La presse haïtienne peut-elle encore s’en sortir ?
Carel Pedre : Je ne suis pas le créateur de T-check. J’ai été invité par Franciyou Germain qui en est l’un des coordonateurs. Je fais plusieurs plaidoyers sur l’intoxication et la mauvaise information diffusée sur internet; c’est le travail qui devait être effectué par les médias traditionnels.
Aujourd’hui, plusieurs médias en ligne font leur apparition sur internet; le problème, c’est que n’importe qui peut créer un compte, diffuser de mauvaises informations sans qu’on puisse vérifier qui se cache derrière ce media. Cela est encore plus grave quand on sait qu’il y a des gens qui partagent les informations sans les vérifier, et ça va vite.
Propos retranscrits par Valéry Gérome