©Photo : Coeur-Rimé Haïti
Propos recueillis par Valéry Gérôme
Dans notre rubrique Cinq (5) questions à un.e. professionnel.le, nous rencontrons l’écrivain Jean Emmanuel Jacquet. Journaliste et auteur de plusieurs ouvrages comme « Homo Sensuel », « Quartiers d’oublis », « Kalawòch », « La rue Gabart est ta principale maladresse », Jacquet se passe de présentation. Les propos de l’auteur à la rédaction de SiBelle Haïti à l’occasion de la vente-signature de « Depresyon », le samedi 23 janvier 2021.
Sibelle Haïti- Avec quels sentiments avez-vous présenté, ce 23 janvier 2021, le recueil « Depresyon », votre dernier-né, au public?
Jean Emmanuel Jacquet- Je remercie tous les ami.e.s qui ont fait le déplacement pour offrir un support de prestige à mon travail d’écrivain. Beaucoup de connaissances sont venus me saluer ou acheter le livre Depresyon. C’est un honneur pour moi de vivre ce moment ce samedi à C3 Éditions, à Delmas 31
Sibelle Haïti-Quel effet cela vous fait d’être catalogué chez C3 éditions?
Jean Emmanuel Jacquet- Bon, être catalogué à C3, je le vois plutôt comme des changements normaux lorsqu’on est écrivain ou créateur. A un certain moment, on se retrouvera sur le chemin des producteurs prestigieux qui apprécient le travail et veulent le soutenir. C3 fait un travail remarquable dans le secteur du livre en Haïti, notamment en matière de qualité de ses livres, et pour cela c’est un honneur de sortir chez eux et de poursuivre avec eux le temps qu’il faudra.
Sibelle Haïti- Vous avez déjà réalisé plusieurs ventes-signatures à travers le pays, côté satisfaction personnelle, comment est-ce ?
Jean Emmanuel Jacquet- Déjà signer son livre est quelque chose de bien excitant. Depresyon qui est un livre écrit avec mes manquements, mes questions toujours sans réponses face aux politiques de mon pays, mes élans dépressifs qui sont tout aussi vrais qu’ils charrient aussi ceux des autres, est un livre dont sa signature m’offre la possibilité de dire mes préoccupations quotidiennes de la vie et de mon pays Haïti.
Sibelle Haïti- « Depresyon » est venu nous dire quoi en résumé ?
Jean Emmanuel Jacquet- Depresyon est venu dire, non sous forme de conclusion, un état d’esprit qui est aussi celui de beaucoup d’autres Haïtiens. C’est aussi un travail intense sur la littérature, qui a commencé avec Homo sensuel, mon premier livre, où la déconstruction du genre demeure une marque de fabrique de l’auteur. Dans Depresyon, le discours s’enchaîne entre la poésie et le conte, et revisite plusieurs thématiques liées à la crise sociopolitique en Haïti et au vodou notamment.
Sibelle Haïti- Pourriez-vous partager avec la communauté des lettres l’un de vos passages préférés du livre?
Jean Emmanuel Jacquet- Ce sera le texte illustrant ce long poème « Depresyon », et qui se trouve dans la quatrième de couverture du livre :
Ki rèv pou n rakonte
Nou pote dlo
Pote lakonpetans
Nou ranmase pinga
Monte barikad nan gran chemen
Pou pike piman nan chodyè dlo sèl
Ki rèv pou n rakonte ankò
Soulye degrenngòch
K ap trase kata
Pantalon trennen dèyè
Bouda chire
K ap montre maleng.
Passionné de belles lettres, Jean Emmanuel Jacquet est aujourd’hui le Directeur général de la Direction Nationale du Livre (DNL). Malgré cette tâche qui lui est attribuée, il continue de faire ce qu’il aime au-delà de tout, l’écriture. A travers de nombreux ateliers de lecture, avec des jeunes de la province haïtienne notamment, l’auteur prend désormais l’habitude de partager son savoir sur l’importance et la nécessité de la lecture dans la vie.