Par Lord Edwin BYRON
Il est des noms qui ne prennent pas ombrage dans le milieu culturel haïtien. Manbo Euvonie Georges Auguste en est un, avec des épithètes les uns aussi valorisants que les autres. Née d’une mère cornillonnaise et d’un père gonaivien, elle est surtout connue comme étant une figure incontournable du vodou en Haïti.
Manbo Euvonie a très tôt laissé voir en elle un profil rassurant de leader. En effet, dès son plus jeune âge, elle a été choisie par sa mère pour une belle expérience qui l’habitera encore longtemps : celle d’assurer l’éducation de ses frères et sœurs tout en étant un modèle pour eux. Le rendu n’a pas été des moindres. Le temps a filé, mais rien a pu atténuer son souci du travail accompli. Mère de cinq enfants, elle menait bien sa mission en tant que « potomitan » du foyer, la même que lui a confiée sa mère envers ses freres et sœurs. Elle savait comment multiplier les cordes de son arc pour garantir le bien-être de sa progéniture. « J’ai élevé cinq enfants, dont trois sans l’aide d’un père. C’était une mission que je me suis assignée, et je crois l’avoir mené à bien », se vante-t-elle, restant convaicue que son statut de manbo décroché en 1987 lui a ouvert la voie à la plus grande experience encore inégalée de toute sa vie.
Jusqu’ici, elle peut bien se targuer d’avoir mis son sens aiguisé de leadership au profit de tous ceux qui croisent son chemin. « Ma mère est une paysanne analphabète, mais d’une intelligence exceptionnelle. C’est elle qui m’a inculqué, à sa manière, les principes de leadership sur lesquels j’ai construit ma personne. »
Etre une femme inspirante, c’est être en mesure d’adhérer, d’une manière ou d’une autre, à l’initiative du bien être de la communauté. Euvonie est de cette catégorie qui revendique avec intelligence sa part d’humanité. A 65 ans, elle reste accrochée aux souvenirs des rencontres enrichissantes qui l’ont aidée à jalonner sa vie. Le docteur-colonel, Ange Marie Gousse lui a montré que la vie est un combat sans fin et que rien ne peut se faire qu’au prix de durs labeurs. Léon Pierre Poyau est celui qui lui a appris la valeur de la famille. Jean Camille Auguste, Jean Bertrand Aristide, Marie Laurence Lassègue, Bayyinah Bello, Anette Auguste, Max Gesner Beauvoir, Wesner Morency, sont entre autres ceux et celles qui lui ont inculqué la passion de la besogne, le souci de tout faire avec amour et la volonté de ne jamais lâcher une cause juste.
Détentrice d’un diplôme en Secrétariat de direction et en Travail social, Euvonie Georges Auguste a déjà prêté son savoir-faire et sa combativité à plusieurs associations œuvrant dans le domaine de la politique, des droits humains et la valorisation du patrimoine culturel haïtien. L’adhésion qu’elle a toujours engagée dans les luttes qu’elle entreprend pourra encore longtemps servir d’exemple aux générations futures. Elle a été nommée, en octobre 2015, Grand Chef Suprême du vaudou par la Konfederasyon Nasyonal Vodwizan Ayisyen (KNVA) succédant à Augustin St-Clou.
Manbo Euvonie Georges Auguste est une source d’inspiration. Une figure exemplaire avec des vertus qui serviront d’exemple aux jeunes d’aujourd’hui et de demain.