Par Mérès Weche
Mireille Jean-Louis, d’origine jérémienne, qui parle constamment de « Débarrasse », son coin de naissance à Jérémie, ne se débarrasse pas pour autant de tous les sentiments qui l’envahissent en pensant à la Grand-Anse dans son ensemble; c’est ce qui confère à sa poésie un caractère de grande sensibilité humaine quelle transporte au-delà de la presqu’île, de toute l’ile, et même en terre étrangère.
Dans un texte comme « Mélancolie », loin de faire l’apologie de la douleur comme impression morale ou sensation pénible, Mireille fait appel au réchauffement de l’esprit, du corps et du cœur, et son œuvre devient tout de suite communication et appel aux ressources internes pour ne pas se fondre dans la détresse et la dépression. Tout compte fait, comme pour les Romantiques du XIXe siècle, la mélancolie est source de création chez Mireille. Que ce soit dans Énigme, Aimer ou Sexe, ces trois textes qui, par leur puissance d’expression, traduisent une âme à la fois sensible et forte, Mireille Jean-Louis prend la poésie à bras-le-cœur pour traduire à la fois sa force et sa faiblesse, sans jamais se laisser désintégrer par les soubresauts de la vie. En témoigne ce poème très révélateur de son intimité profonde de femme -courage.
ÉNIGME
Comment comprendre cette dualité
Coexistant et livrant constamment bataille
Au plus profond de ce merveilleux être
Où chaque humain prend sa source ?
Tantôt lionne, tantôt papillon, elle peut tour à tour
Soulever des montagnes et se laisser fragiliser,
Jusqu’à se faire brûler les ailes,
En s’approchant trop près d’une flamme.
En chacune d’elles regorgent de la soie,
Des pierres précieuses et des perles,
Et les unes, plus belles que les autres,
Qu’elles soient princesse, putain, voleuse, ou mercenaire,
Recèlent des trésors cachés…
MJL