Par Mérès Weche
J’ai vu le jeune Dr. McWayne Weche, né en Haïti et devenu Canadien, par affiliation, puis Américain, par naturalisation, jubiler après la victoire au basketball des Raptors du Canada contre les Warriors des États-Unis. Il avait fait, dans un tweet, l’aveu public de sa citoyenneté canadienne, pour justifier sa joie auprès de ses jeunes collègues médecins américains.
Ce tweet, pour exprimer ses sentiments personnels vis-à-vis de cette finale à saveur canadienne, doit avoir un autre sens pour lui aujourd’hui quand, au soccer, Haïti vient de battre le Canada de la belle manière, en remontant d’un score de 2 à 0, pour l’emporter 3 à 2. Tout un exploit.
Sans être un connaisseur dans le domaine du ballon rond, mais de mémoire d’homme, je n’ai vu que le Brésil s’exécuter de cette manière-là face à l’Argentine, il y a quelques années déjà. Le tweet, comme mode d’expression, c’est la voie couramment utilisée aussi par des chefs d’État et certains hommes politiques pour faire circuler leurs idées.
Pour revenir à la nationalité proprement dite, la Constitution haïtienne de 1987 – première version ou amendée – ne reconnait pas la double citoyenneté, voire la triple. Pourtant, c’est dans les « tripes » que son rythme se mesure et non dans des débats creux à l’Assemblée nationale. La Constitution haïtienne de 1987, dans sa lettre comme dans son esprit, refuse qu’on soit Haïtien à part entière, en ce qui a trait aux affaires politiques du pays, mais n’interdit pas que le sport puisse utiliser les services d’un talentueux « expatrié » – à titre d’Haïtien, la FIFA exigeant – pour défendre les couleurs nationales. Qu’on se le prenne pour dit, nos dirigeants et parlementaires se régalent des ressources pécuniaires de la diaspora pour s’emplir les poches, par transfert interposé de plus de deux milliards de dollars par année. Là, on est Haïtien et Haïtienne aimant leur pays. Mon œil…
Si les Constituants de 1987 enlevaient à ces jeunes « expatriés » aux pieds d’or, naturalisés par la force des choses, le droit de participer aux affaires internes de leur pays, les « Constitutionnalis-tiques » de l’ère nouvelle, dans les deux Chambres à l’Assemblée nationale, se doivent de réfléchir par deux fois en fustigeant la double nationalité. Qu’ils sachent que ce cœur d’homme qui a cédé au moment de la victoire des Grenadiers contre l’équipe costaricienne est fait de chair haïtienne à la naissance ǃ Qu’ils sachent que le cœur est la seule « chambre » et le seul « siège » où les justes lois se discutent et où l’amour l’emporte sur la raison ǃ En cette partie de foot entre Haïti et le Canada, le cœur de McWayne a encore une fois tranché, sans être moins Américain ni Canadien.