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Max Dorismond, des mots pour conjurer nos maux
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Max Dorismond, des mots pour conjurer nos maux

Par Mérès Weche

C’est loin d’être un jeu, ce dynamique jeu de mots de Max Dorismond pour contrer les hasards malheureux qui se sont conjurés contre nous, les humains, à l’échelle planétaire. Des Mots pour conjurer nos Maux, un livre-phare qui éclaire nos chemins à travers les méandres de l’histoire universelle.

D’entrée de jeu, ce chroniqueur-poète, reconnu pour sa perspicacité en matière d’écriture, observateur impénitent des bonheurs et malheurs de ce temps, a vu ses talents se développer depuis des années en arrière quand, ensemble, nous menions corps et âme ces colonies de vacances à Beaumont en Grand-Anse pour faire de cet inoubliable « Foyer des étudiants » créé par feu le séminariste de Maznod, Luc Pierre, un vrai cénacle où prenait corps une poésie empreinte de fraîcheur matinale, « entre le thym et la rosée », pour reprendre une expression de Jean de La Fontaine, dans sa fable La belette et le petit lapin.

Il me vient à la mémoire ce très beau poème de Max Dorismond, Martha, fabuleux aujourd’hui, mais plus que vraisemblable à l’époque où nous comptions fleurette aux jeunes filles éprises d’une poésie de fraîcheur et d’amour. Cette ode à une payse de très grande beauté, ma cousine de surcroît, portée en musique par le superbe orchestre Dulon Papillon de Beaumont, constituait l’un des plus beaux aveux d’amour qui faisaient rêver jeunes et vieux sur la piste de Versailles à Jérémie un soir de la Saint-Louis; Radio Grand-Anse d’Alix Félix s’empiffrait de ces dédicaces à tout rompre.

Des Mots pour conjurer nos Maux, un prétexte d’écriture pour partir comme Marcel Proust « à la recherche du temps perdu », dans une perspective de paradis à retrouver, contre vents et marées. Un joyeux retour à ces belles années de jonglerie avec la plume pour fortifier en soi des dons naturels qui ne demandaient pas mieux que de mûrir avec le temps.

Aujourd’hui, à travers ce livre, je retrouve un Max Dorismond qui invective jusqu’à la fameuse « fumée noire » du Vatican et qui, sans vaticiner, y décèle maints détours pour asseoir dogmatiquement une religiosité qui a longtemps berné les plus fins esprits de ce monde. Il me plait de reprendre cette citation rapportée par Max dans son livre, relative à la condition vaticane sous Benoit XVI։ « Mais, j’ai toujours cru que la barque de l’Église n’est pas mienne, n’est pas nôtre… ». Quoi de plus applicable à la compréhension de Max vis-à-vis de cette communauté ecclésiale vieille comme le monde ᶗ Sacré Max ǃ …

Cette église faite d’abus sexuels et de pédophilie ne le laisse pas indifférent, car il en parle avec prodigalité pour ne point absoudre ceux-là qui doivent endosser leurs responsabilités devant l’histoire.

Dans ce livre très captivant par la justesse de ses analyses, Max Dorismond dénonce avec véhémence la « sainte hypocrisie » des papes qui se sont toujours érigés en « encombreurs » de la porte déjà très étroite du Ciel.

En revenant sur Terre, Max Dorismond se souvient de ce barde jérémien, Parnel Clédanor dit Malou, mon condisciple en classes primaires chez Caze, qui berçait notre jeunesse, au sein de Les Fantaisistes de Jérémie, de sa prenante voix décrite dans ce livre comme étant « une phrasée sonore qui venait te chercher dans tes rêves les plus secrets ». En adressant son dernier message à ce chanteur de charme qui a fait la grande culbute, Max Dorismond laisse s’égrener ces pétales embaumés d’une poésie de joie et de peines amères։ « Malou, aujourd’hui, malgré les sanglots qui affluent dans nos gorges, malgré les larmes qui déboulent en cascade sur nos visages et nos cœurs qui sont en lambeaux, nous avons l’insigne devoir de décrire au monde la place que tu occupais dans notre album de famille ».

Toujours animé de cet élan de célébration de la sensibilité jérémienne, Max Dorismond rend hommage à l’œuvre d’Eddy Cavé, dans deux de ses publications, sans m’oublier au passage comme Grand-Anselais de Beaumont dans Le Songe d’une nuit de carnage, publié en 2013. Son regard profond s’est arrêté particulièrement sur ces trois célèbres écrivains et poètes jérémiens, Jean-Claude Fignolé, Serge Legagneur et Claude Clément Pierre, partis, dit-il, à la conquête de « l’inaccessible étoile ». Se souvenant d’eux, il écrit։ « Voila maintenant, le trio sur le chemin du ciel. Avec un rictus au coin des lèvres, ils vont faire rapport au bon Dieu, tout en sachant déjà que la récolte ne fut pas abondante… »; un clin d’œil à la parabole des talents de la Sainte Bible.

Tout compte fait, Max vogue entre ciel et terre dans ce livre qui touche de nombreuses questions qui exigeraient un travail plus approfondi. Par contrainte d’espace, je m’en tiens pour le moment à ces quelques lignes. Quitte à y revenir.

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