Par Grégory Alexandre
La semaine s’annonçait bien, si bien, qu’on espérait un réveil patriotique, du parlement haïtien, par le biais de sa chambre basse. Parfois, la quête de lumières peut pousser tout individu, quel qu’il soit, ne serait-ce, une minute, à croire que le ciel abrite des anges aux ailes blanches.
Le mercredi 7 aout, cette séance qui devrait être considérée comme un numéro sans précédent, a été encore et comme toujours, une chronique de fin annoncée. À la pointe du ridicule, tellement niaiseux, qu’il a fallu la sortie ubuesque d’un député sur Socrate, dans une rhétorique surannée, arrêtée à ses cours de littérature française, en première, pour trouver matière à parler.
On s’en fout bordel, qu’un ‘’honorable’’ Député se mêle les pinceaux, en voulant jouer à l’intello, de citer Socrate dans le cursus littéraire français. On s’en fout que les autres, en face, se prennent pour des intellos, parce qu’eux, en savent assez long sur Socrate et la bande à Platon, Xénophon et tout le reste. De toute façon, si rien n’est fait, et avec de telles attitudes ; ceux qui mélangent la nationalité de Socrate reviendront au même endroit pour mélanger la vie de ceux qui savent l’Apologie de Platon par cœur. Ceux qui rient ne sont jamais en scène, ils rient toujours du ridicule, des bouffonneries des acteurs, qui eux, donnent le ton à la pièce.
Déçu, je retourne à ce court message, par whatsapp, (comme une lettre de blâme) de l’un de mes bacheliers, pour me reprocher de son ignorance à propos de Toni Morrison. Il aimerait bien pleurer aussi, sa mort, en R.I.P, tel un effet de mode (au moins lui, il est sincère, il ne pleure pas un mort non connu ; il n’est pas comme cette ministre française).
J’ai vécu du coup, le même sort, de l’ancien professeur de littérature française, du Député, qui s’amusait à tout bout de champs, à sortir de sa boite de prestidigitateur, une citation de Socrate. Par ailleurs, l’idée m’est venue de me délirer comme d’habitude.
Je m’en fous qu’une ministre française ne maitrise pas l’histoire des écrivains noirs comme ce Député haïtien qui ne sait pas la nationalité exacte de Socrate. En revanche, je ne peux pas me passer du reproche de mon élève à propos de Toni Morrison. Par conséquent, qu’est-ce qui empêche alors aux responsables du Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) de mettre dans le programme de l’écolier haïtien, un cours sur les écrivains noirs ?
Qu’est-ce qui les empêchent, bordel, d’inscrire dans le programme des élèves du secondaire, les textes des écrivains noirs africains, américains, antillais en lieu et place de ces ennuyeux et lointains textes qui parlent de la neige, du jardin de Luxembourg, de la tour Effel, de ce pont Mirabeau, qui ne saurait être plus beau que le soleil des Indépendances, plus représentatif que l’œil bleu, plus bleu que l’enfant noir et plus perspicace que le Black Boy. Ce qui, peut-être, éviterait à ce Député d’aller coller une nationalité française à Socrate, comme aussi, on éviterait l’idée que tous les acteurs hollywoodiens soient américains (Que la raison soit Hellène et l’émotion nègre).
En somme, il saurait que l’intellectualisme n’est pas forcément français, et par delà du ciel et de l’enfer, il existe aussi l’athéisme !