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Que disent les mots du poète Raynaldo Pierre-Louis en temps de crise ?
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Que disent les mots du poète Raynaldo Pierre-Louis en temps de crise ?

Par Walner Olivier

Par le moyen des mots, des discours, disent certains scientifiques menant des recherches en sciences du langage, les sujets sociaux ont accès aux sentiments, aux idées de leur semblable ; des poètes en particulier. Bien qu’ils ne soient pas évidemment des étiquettes placées sur des réalités du monde, les mots de la langue, signes symboliques, véhiculent des informations. lls sont des signes communiquant sur l’état intérieur du locuteur qui les produit.

Ils peuvent être des signes qui indiquent que les gens se mettent en colère. Des comportements laissant comprendre qu’ils s’agitent contre ceux qui violent leurs droits ; contre ceux de qui ils attendent un traitement fait d’une volonté humaine mais qui répondent par un mépris indigne. Ils se révoltent contre ceux qui, au lieu d’entendre leur cri, restent indifférents. Ils s’irritent contre ceux qui travaillent pour sombrer l’avenir de l’homme.

Pour se libérer des méfaits de toutes ces actions inhumaines, les poètes s’arment de leur plume. Ils travaillent les mots pour exprimer par la poésie leur fureur. Raynaldo Pierre-Louis est l’un de ces poètes qui ont la poésie comme alarme, comme le son de  » lambi  » secouriste des Haïtiens. Sous un aspect psychologique, ces mots peuvent être considérés comme une réponse à un stimulus venu de l’extérieur. Des signes-réponses pour dénoncer les actes qui fragilisent la vie sur la terre d’Haïti en ce moment d’amertume.

L’auteur de l’œuvre  » Astéroïdes fulgurants : pandémonium radieux  » s’érige en énonçant ces mots :

Toutes les villes
saignent en moi

mes phrases
crachent du sang
sur la face morbide
du monde

mon encéphale crevé
gicle
sur les hauts murs du temps
aux confluents de l’espace

sinistre scène strangulatoire
une odeur de gaz monte
dans la gorge sèche du poème

ma parole claustrée
fait son saut périlleux
dans le vide
sur les barricades de l’aube séquestrée
sur les pneus enflammés
d’une foule en colère

j’ai le cœur gros
comme une bête insolente
que l’on traîne à l’abattoir

ma parole claustrée
se réveille
de sa torpeur hivernale
lançant des jets gluants de crachat
sur la face morbide du monde
Toufffff !

Raynaldo Pierre-Louis, Jacmel, 06 septembre 2022.

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