Par Lord Edwin Byron
Treize minutes, le temps imparti à un public avisé de cerner l’intérêt du jeune réalisateur, Samuel Suffren, à initier un débat important sur une facette de la violence. Celle infligée aux enfants.
À travers un court-métrage intitulé Rigwaz, le réalisateur, subtilement, nous a fait part de son cri. Aucune scène de châtiment n’a été montrée. Mais, l’appareillage symbolique est frappant.
L’art ne tient ici, surtout pas, de la reproduction littérale de la réalité, et trois mois suffisaient pour camper ce travail d’importance. Le réalisateur était plutôt appelé à proposer une réflexion sur bien des éléments qui font corps à cette violence. On comprend que le mécanisme mis en place par le jeune réalisateur est une façon de sensibiliser à de meilleures attitudes à adopter à l’égard des enfants.
Tant d’éléments participent à cette mise en évidence. Entre le sens qui oriente les situations, les interprétations ne peuvent qu’être multiples. Samuel Suffren se montre bien à la hauteur d’un souci artistique qu’on ne situera qu’au delà des sentiers battus.
Des boeufs sont égorgés. Et leur peau ne va donc plus servir à la gastronomie. Des hommes vont s’en servir comme instrument pour dresser des enfants. La poule est donc cet élément appelé à commenter les actions. Aucune intelligence naturelle ne pourrait attribuer à une poule, déjà classée parmi les animaux les plus idiots, à se mêler d’une démarche d’atténuer les dégâts causés par les humains.
Le réalisateur semble basculer cette partie de la psychologie dite zoologique. Doit-on se limiter à la compréhension hâtive des actes d’une poule qui ne fait qu’apaiser sa faim en attrapant les mouches qui se régalent sur la cuanne.
On est d’autant plus dans un univers hautement symbolique où la transcription se démarque subtilement de la réalité. On peut se demander où est l’enfant? La réponse, c’est qu’il est deux fois victime. Des coups de «rigwaz» d’une part et de son silence d’autre part.
Dans le dernier cas, les enfants, pour la plupart, sont contraints à un grand dépassement, sinon ils risquent de subir de plus durs châtiments en guise de correction.
Les mots du réalisateur, Samuel Suffren:
«A un moment, je pensais que cet objet de châtiment n’existait plus, la rigoise. Ce travail m’a vraiment permis de réaliser comment la violence sur les enfants est autant présent qu’on ne l’aurait pas imaginé. On veut par ce court documentaire sensibiliser les gens sur ce phénomène de violence qui retrace le châtiment qu’on infligeait aux esclaves à l’époque.»
Les collaborateurs
Narline Novembre qui a assisté la réalisation et qui a assuré le son. Guy Regis Junior qui a collaboré dans la conception et dans la production du film.