Par Mérès Weche
Le documentaire Émilius Niger, réalisé sur la vie et l’œuvre du poète Émile Roumer, et projeté pour la première fois à Montréal, le vendredi 18 octobre 2019, s’est produit en pleine commémoration du Mois du Créole au KEPKAA, qui en est le centre nerveux depuis une vingtaine d’années.
C’est au cours d’une prise de parole à Jacmel, en 1982, qu’Émile Roumer remit les pendules à l’heure sur la question de la langue nationale, en citant haut et fort le nom de Christian Beaulieu à qui, dit-il, revient la paternité de l’alphabétisation en Haïti, renversant ainsi le mythe du Pasteur Lobach qui en recueille tous les lauriers jusqu’à date. Le KEPKAA en prend acte et loue l’initiative de ce documentaire qui vient de rétablir toute la vérité sur cette question.
Selon Émile Roumer, le mouvement littéraire créole remonte à 1925, avec la création de La Revue indigène, une dénomination qu’il imposa énergiquement, en lieu et place de Le Citron d’or, préalablement proposée par ses pairs réunis en la circonstance. Il fit valoir le bien-fondé de ce titre, en évoquant l’esprit de l’empereur Jean-Jacques Dessalines qui dota le pays de ce nom autochtone։ Ayiti. Émile Roumer voyait ainsi en Jean-Jacques Dessalines le premier indigéniste de toute l’histoire du pays.
Ainsi donc, dans ce documentaire, Émile Roumer fait le point sur les initiatives d’alphabétisation avortées, depuis plus de cinquante ans, et aujourd’hui mortes en Haïti, en révélant les prouesses réalisées en cinq-ans à Cuba, et en quinze-ans au Nicaragua.
En effet, non content de réussir dans cette noble entreprise nationale, Cuba a exporté son expertise en la matière dans d’autres pays de l’Amérique Latine et de la Caraïbe, tels que le Venezuela et la Bolivie, qui ont fait d’énormes progrès dans leur processus d’alphabétisation.
Haïti bat de l’aile dans ce domaine, en dépit du fait qu’il fut le premier dans la région, selon Émile Roumer, à en voir la nécessité, il y a déjà plus de 80 ans. Haïti, un pays qui a fait jurisprudence, pour avoir inoculé en Amérique la sève vivifiante de la liberté et des Droits de l’Homme.
En tant que champion de la citoyenneté universelle, avec Jean-Jacques Dessalines, par l’ouverture instituée dans la constitution de 1805, Haïti aura tracé la ligne directrice de l’authenticité nationale en Amérique Latine, par l’essence même de ce nom purement indigène ։ Ayiti, et par l’universalité de sa langue nationale ։ le créole.
C’est dans cette ligne de pensée que s’inscrit le combat que mène, depuis plusieurs années, Dr. Blondel Auguste, à l’échelle caribéenne et latino-américaine, aux côtés de grands leaders, tel qu’un Daniel Ortega, à l’ombre de Fidel Castro, qui les avait eus, tous deux, en estime. Dr. Blondel dit n’avoir aucune ambition politique de type traditionnel. Il croit toutefois en un mieux-être pour Haïti, et conçoit une place de choix pour ce pays dans le concert des nations de la Caraïbe et de l’Amérique Latine.