Par Voltaire Jean
En toute simplicité, Arnold Antonin vient encore de signer un documentaire d’un très grand intérêt didactique et profondément humain : Heureux sculpteurs de la rue. Un long métrage de quatre-vingt-trois minutes.
Projeté en avant-première le lundi 16 décembre 2019, à l’Institut français à Port-au-Prince, lors de la clôture de la première édition de la Semaine du documentaire, le film explore la carrière et l’œuvre (grâce aux commentaires à la fois lucides et passionnants de la galeriste et commissaire d’exposition Mireille Pérodin Jérôme) de cinq sculpteurs haïtiens : François Sanon, plus de trente années de métier, Joseph Delva, Jean-Baptiste Jeune et Marie Carmel, l’une des rares femmes sculpteurs dans l’histoire de l’art haïtien, ainsi que Frémont, le poète de la pierre.
C’est vrai que l’aisance, dont le réalisateur de « UN tonton macoute peut-il être poète, (question qui aujourd’hui semble avoir perdu de sa pertinence) fait preuve dans le dépouillement et la sobriété, peut parfois déranger. Ajouté à cela, un sentiment de monotonie causé par quelques longueurs et le systématisme du cas par cas (procédé consistant à faire parler chaque personnage, l’un après l’autre). Mais là, justement, réside l’originalité du film qui, au-delà des artistes mis sous le feu des projecteurs, aborde en soubassement des questions non moins importantes comme celles concernant les instances de légitimation de l’art haïtien (C’est un ambassadeur vénézuélien qui aurait permis au ministre de la culture Olsen Jean Julien de découvrir François Sanon) ou encore celles concernant la place de la Sculpture sur bois dans l’art haïtien. Pourquoi cette production, qui a marqué les beaux jours du tourisme haïtien au cours des décennies 1960 et 1970, n’est-elle toujours pas enseignée dans aucune école en Haïti, s’interroge Jean-Baptiste.
Il faut, à ce niveau, magnifier aussi les performances de ces cinq sculpteurs qui par leurs témoignages et leurs talents apportent force et conviction à une histoire qui a pour elle le poids de la vérité. Car « Heureux sculpteurs de la rue » n’est pas un simple documentaudiovisuel. Le film parle aussi d’amour, de l’amitié, du rapport entre artistes et surtout de l’attachement à la terre natale. François Sanon, celui que Mireille PérodinJerôme considère comme le premier « « grand sculpteur baroque haïtien » ne jure que par ses racines, lui qui ne veut mourir que dans son pays.
« Heureux sculpteurs de la rue est le film que j’ai pris le plus de plaisir à réaliser », a déclaré Arnold Antonin dont les réalisations, depuis « Ayiti men chimenlibète, 1975 » et « courage de femmes, 2002 », témoignent d’une volonté acharnée de « mettre en lumière » la force de vire de tout un peuple.
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