Par Mérès Weche
J’ai le goût aujourd’hui de voyager avec Oswald Durand, du Nord au Sud d’ Haïti, pour goûter aux plaisirs de sa poésie tout épicurienne, et surtout pour l’entendre me parler de Choucoune, cette belle marabout qu’il a aimée de toute la force de son âme de poète.
On dit qu’il a des liens de parenté biologique avec Thomas Rétoré Alexandre Dumas, aussi bien qu’avec Valentin Vastey et les Talès. Peut-être que oui, car Ayiti est une île sans frontières, par amour et pour l’amour, et l’on sait que la poésie a des ailes qui lui permettent de voyager et de prendre son bien là où elle le trouve. Ce n’est donc pas étonnant que Durand eût la même inspiration que Roumer pour célébrer l’envoûtante beauté de cette femme-cannelle haïtienne, qui habite nos bois et nos plainesː la marabout.
De nombreux peintres et musiciens haïtiens ont modulé leur art sur la mélodie de “Ti-Zwazo“, composée par Michel Mauléart Monton, à partir de Choucoune, ce très beau poème d’Oswald Durand ; musique reprise en anglais par Harry Belafonte qui la popularisée dans le reste du monde sous le titre de “Yellow Bird“. Roger Whittaker, l’homme du mistral, et beaucoup d’autres artistes de la chanson l’ont également interprétée, chacun à sa manière et dans sa propre langue.
Cette musique de charme, qui a bercé la jeunesse du monde au cours des années 50, est généralement attribuée à Tahiti, au lieu d’Haïti, pour en faire une chanson polynésienne très choyée ; il en est de même de “Marabout de mon cœur“ d’Émile Roumer, interprétée avec brio par le Chœur Ciao, en 2018, qualifiée de musique tahitienne. Écoutons sur cette page Harry Belafonte et Roger Whittaker dans leur version de “Yellow Bird“ ou “Ti-Zwazo“. Et surtout, chers compatriotes, faisons-nous un point d’honneur, non point de “récupérer“, mais bien de revendiquer ce qui revient de droit à notre Haïti chérie.
Merci de bien vouloir embarquer avec moi dans cette “croisade“ qui en vaut la peine, à l’heure du coronavirus.