Par Marie Alice Théard
Devenus étrangers puisque la médecine le commande, pondérés dans la pose et le langage, nous nous tenons sagement au bord du trottoir. Confinée derrière la vitre, je me mire à distance dans ton regard aimant. Mais sous le masque, mon souffle, se libérant, prend son envol, vers ton âme, là où je t’aime de tendresse.
J’y découvre avec joie l’essence des souvenirs et la quintessence de la pensée s’invitant à la table du présent…. Nous sommes ailleurs, quelque part. Une chambre ouverte sur un balcon cerclé de balustres blancs, longeant le gigantisme des arbres des temps longtemps. Dans l’embrasure de la fenêtre pointe le jour conquérant. T’en souvient-il encore mon bel Amant?
Friands de nos différences, nous nous lançons dans la nuit des découvertes et des reconnaissances. Troublés et ravis, une rare audace nous lance dans la féerie d’un jeu de séduction des sens. La sobriété du geste cachant l’expression d’un coup de foudre d’amitié et de tendresse.
Glissant sur le ruban de la nuit insomniaque, nous entamons la conquête subtile de la complémentarité. Nous découvrons des souvenirs oubliés pour avoir tant tardé à nous retrouver. Sagement, je m’endors le long de ton souffle apaisé. Nous reposons, heureux…
De tendresse, je vais t’aimer.
Il fait bonheur me réveiller dans ma chemise lavande contre ton short bariolé. Sur le flanc, je suis encore allongée. Clignant des yeux dont les paupières tressaillent, fragiles abat-jours arrêtant l’avancée du jour. Tu me regardes et l’instant se vet des paillettes de points lumineux du matin de printemps.
Narines ouvertes, m’étirant sensuellement, palpitante des odeurs mêlées de fruits constellés de rosée, metissant l’effluve de nos sommeils éveillés…
Je t’aime de tendresse !
Comment faire un allié de ce temps témoin de nos milliers de lunes et de soleils patinés par le passage des vents de l’absence et des retrouvailles. Comment de nos partitions si peu ordinaires ne jamais changer l’octave.
Le retour à la réalité est la voix amicale sollicitant une banale visite occasionnant un sourire timide au bord les lèvres voilées. Sur un trottoir la sobriété se drape d’attente et de timidité.
Ce que je peux t’aimer de tendresse mon Aimé.