Par Grégory Alexandre
On n’entre pas dans la poésie caribéenne sans avoir lu Georges Castera Fils. On n’est pas poète si sa poésie ne prend pas son élan, son ancrage sans se bouturer sur l’appel à la fraternité, à l’amour, à la vie et surtout au combat qui fondent le contenu de la poésie de G.Castera.
Né à Pétion-ville, le 27 décembre 1936, après ses longs périples en Europe, pour des études en médecine, puis exilé aux Etats-Unis, Georges Castera est l’un de ceux qui croient que la poésie doit servir à quelque chose, c’est-à-dire signifier la vie dans la pénombre des jours fauves. Calquer son dire sur le combat des ouvriers, des paysans, de la masse défavorisée.
Il aura été, à partir de Kouidor, comme co-fondateur, l’un des artistes militants à combattre la dictature des Duvalier.
L’esthétique chez Castera est fondamentalement révolte. Construction de la langue. Il ne prend pas le Créole, dans ses écrits, comme sa langue maternelle, il la construit. La fabrique. La langue chez Castera n’est pas seulement outil de communication, ni objet, il est sujet de conscience. Arme de combat.
Ce n’est pas subversif de dire que la poésie créole naisse avec Castera. Avec des constructions métaphoriques, anaphoriques, la poésie créole est non seulement surréaliste mais postmoderne.
Castera est l’un des rares poètes haïtiens à demeurer jusqu’à la fin à la pratique de la gauche. Beaucoup de textes propageant des idées de la gauche en espagnol, ont été traduits en créole par l’auteur. Mais, restent pourtant inédits.
Comme dans l’incertitude de ces jours où il a pris naissance, après l’occupation américaine, la nouvelle de sa disparition court, en ce vendredi 24 janvier 2020, soit 83 années après, comme un frisson.
Poète, on tire encore lamentablement dans les rues, et les oiseaux meurent par strangulation ; alors, réveille-toi !