Par Walner Olivier
Le destin du monde se raconte, parfois, par la poésie et la musique qui sont des paroles toujours en mouvement. Souvent insaisissables dans son déplacement perplexe. Malgré la réception de certains travaux poétiques et musicaux sont l’objet de superstition. Mais, les sons de certains poèmes ‘‘inspirés’’ décryptés dans le silence émettent des sens disant qu’une heure de gloire arrive, ou des nuages voraces avancent. Ces derniers éléments sont constatés chez le poète Claude C. Pierre dans son poème Cimetière. Le cimetière « se chauffe au soleil », dit-il, pour avaler des vies.
Dans son œuvre Refrains de bord de mer et autres tonalités, publiée en 2009, le poète Claude C. Pierre montre, au travers de ses énoncés, des satellites amers parcourant le ciel des vivants. Le natif de Corail qui n’a cessé de chanter la beauté d’Haïti, de chérir notamment sa ville natale et Jérémie, laisse voir aussi une flamme roulante tenue par des mains sans humanité tyrannisant le Libérateur ayant vu le jour en 1804. La vision terrifiante : un « Juste crucifié ».
Au haut de la colline de l’extrême de l’île
somnolent se chauffe au soleil
le cimetière comme une chèvre bréhatine
Rumine sans fin
le Juste crucifié
agonit sans émoi
dans l’indifférence
des pensionnaires
qui gisent au bas-côté de la route
sans prêter attention
sans porter assistance
à une multitude en détresse
À quand la résurrection de ce ‘‘Juste crucifié’’ attendu comme la lumière du lever soleil ?