Par Mérès Weche
Tout est prétexte à écriture
Dans le métier de journaliste, même là où il n’y a pas matière à texte, on doit pouvoir la créer, cette matière manquante. Je ne parle pas de ces inventions de nouvelles pour épater la galerie ou pour s’approprier un scoop, au risque de tomber dans la diffamation.
Je me souviens de cette fameuse réunion à huis-clos au Département de l’Éducation Nationale, interdite aux journalistes, en particulier nous du Petit-Samedi Soir qu’on craignait comme de la peste. Cela se passait au bureau affichant le No 5, dans cette ancienne bâtisse, aïeule de l’actuel Ministère de l’Éducation Nationale, située dès lors juste en face du Théâtre National.
Pourtant, à l’heure de tombée des textes du journal, mon article fut titréː “ Les forfaitures de la chambre 5 “, car ce qui s’y passait n’avait d’autre objectif que de contrer par tous les moyens une grève d’enseignants qui prenait de jour en jour des proportions alarmantes pour le gouvernement d’alors. L’article a été d’une telle justesse qu’on criait à une fuite d’informations, alors que l’internet et le cellulaire n’étaient même pas encore nés.
Voici que depuis quelques jours je cherche des informations sur l’identité de cette cavalière du poète dans cette savoureuse scène de danse à Jacmel. C’est très difficile, trente-ans plus tard, de reconnaitre ses traits, elle qui devait être dans la trentaine à l’époque. C’était au tout début des années 80.
Encore une fois, le journaliste en moi me commande d’en faire un texte sans toutefois parvenir à situer son profil dans le Sud-est, encore moins à la nommer. Justement inspiré par son agilité dans les bras du poète, esquissant des pas synchronisés au rythme de cet air entrainant créé par Dòdòf Legros pour le très beau texte “ Marabout de mon cœur“ écrit par le poète à la fleur de l’âge. Réinventant ses pas d’hier, pour rattraper la vive allure de sa jeune cavalière, dont les mouvements s’harmonisent à merveille avec la musique, le poète lève à son âge ce grand défi, même s’il tangue par moments dans la virescence des ans.
Á défaut d’obtenir les informations requises auprès de Jacméliennes et Jacméliens, pour brosser la plus parfaite image qui soit de cette cavalière d’un jour qui rajeunissait à vu d’œil le poète, j’ai cédé à mon instinct de vieux journaliste du Petit-Samedi Soir, et je parle d’elle comme d’une anonyme dotée d’une agréable présence, en attendant que mon ami Louis Berrouet la retrace dans le temps. Si elle portait en ce temps-là sa propre chevelure, il se pourrait qu’elle fût la personnification de la « marabout » du poème, car sa peau fine d’ébène en dit long de cette nuance de beauté féminine en Haïti.
N.B– Je suis à la recherche aussi du très beau poème de René Philoctète VIGILE DE LA SAINTE-AGNES A BEAUMONT EN GRAND-ANSE
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