L’Association AZAMA a organisé, le samedi 3 avril 2021, à Vieux Four Bar, une conférence autour de la symbolique du 3 avril, Journée nationale de la lutte des femmes. Deux intervenantes : l’éducatrice et féministe Wilda Pyram de l’organisation « Flore des femmes » , une structure fondée en avril 1991; et l’éducatrice Colette Lespinasse, militante des droits humains, notamment de la femme en milieu marginalisé.
Wilda Pyram a analysé les contextes social, politique et psychologique dans lesquels vivent les femmes surtout en milieu rural. Elle a salué le courage de ces millions de femmes qui doivent chaque jour batailler pour sortir la tête de l’eau, tout en faisant face à la discrimination de toutes sortes. Elle a aussi questionné la date du 3 avril 1986 et le symbole qu’il représente aujourd’hui, 35 ans après. Pour la militante, les femmes doivent intégrer les différents espaces politiques et/ou gouvernementaux, dans les cartels de maires, dans les Casec, etc.
Ertha Pascal Trouillot illustre bien, selon elle, les efforts d’intégration des femmes dans la société, dans la politique notamment. La place des femmes dans la bataille pour la mise en place de la Constitution de 1987 a été fortement soulignée par Wilda Pyram qui croit que la bataille de 1986 ne doit pas aboutir à cette détérioration des conditions de vie de la population haïtienne, notamment des femmes et des filles.
Il s’agit pour AZAMA (Association Zabèt-Makandal) d’initier des débats sur la problématique de la violence faite aux femmes, mais aussi sur la nécessité pour les structures politiques et les gouvernements de tenir compte des nombreuses revendications féministes qui n’ont que pour objectif l’amélioration de la vie en Haïti.
La militante et éducatrice de droits des femmes, Colette Lespinasse, a d’abord salué l’initiative d’AZAMA coordonnée par la travailleuse sociale, Marie Isnise Romélus, et souligné les exclusions de toutes sortes dont subissent les femmes, malgré que ces dernières, dans la plupart des cas, sont seules responsables de la vie dans de nombreuses familles en Haïti.
Colette Lespinasse a analysé divers aspects de la violence faite aux femmes, de l’engagement des femmes rurales, et des principes de l’égalité dans la société haïtienne. Elle a remonté dans le temps, à l’époque de la dictature, avec l’implication des femmes dans la lutte,… Beaucoup de femmes de la diaspora et de la province ont également contribué en faveur d’une participation effective des femmes dans la vie de la cité.
L’éducatrice a revisité la question de la violence dans les foyers et une prise de conscience de part et d’autre dans la société. Les hommes commencent à certains niveaux à encourager dans leur entourage de meilleurs comportements envers les femmes. Elle a aussi analysé la situation de pauvreté des femmes en Haïti. Les questions de santé, de maternité notamment. Elle invite les femmes à être présentes: c’est la condition sine qua non pour réussir la lutte féministe effective. « Il vous faut élever la voix comme l’ont fait les femmes du 3 avril 1986 », a martelé Colette Lespinasse qui regrette que très peu de femmes sont représentées dans l’opposition ainsi que dans leurs revendications.
« Il faut que les femmes aient leurs propres agendas, il faut qu’elles participent à côté des hommes, il faut de nouvelles têtes de femmes dans les espaces politiques, il faut prendre plus de responsabilités », a conclu Colette Lespinasse qui demande aux hommes d’encourager ces femmes pour que ce changement soit opérationnel et bénéfique pour tous les secteurs.
AZAMA se fixe plusieurs objectifs comme la prévention contre la violence faite aux femmes et aux filles, la valorisation de la langue créole, des patrimoines culturels et touristiques du département du Sud-est. Si en avril 1986, plus de 80.000 femmes ont levé la voix pour dire non à la violence faite aux femmes et évoquer l’ensemble des problèmes auxquels elles sont confrontées, en 2021, AZAMA se range aux côtés des femmes pour continuer à défendre la vie et les Lois en Haïti.
Beaucoup de jeunes, militants et artistes, ont fait le déplacement et exprimé leurs préoccupations, à l’occasion de cette journée porte-ouverte offerte en ce 3 avril 2021 aux Jacmélien.ne.s.