Par Mérès Wèche
Si pa gen sekrè nan fè kola, tankou yon pawoli kreyòl fè konprann li, ganyen l poutan nan fè kafe ; li kache nan fon mamit la, e pita, l al chita nan fon tas la. Se sa yo rele “ma“ kafe a.
J’appartiens à une petite ville de province en Haïti nommée Beaumont, située au flanc Nord du pic Makaya, à 800 mètres d’altitude. La “culture“, prise dans son double sens, y a toujours connu une rare complicité dans ses deux acceptions; ce furent des livres de café qui nous procuraient dans le temps des livres de lecture. Longtemps caractérisée par la culture particulière de ce produit de la terre, très extensive dans les hauteurs, Beaumont s’est fait un nom à l’échelle internationale pour ce breuvage d’excellente qualité.
Aujourd’hui, on ne parle plus du café de Beaumont ; c’est la destruction totale, sans exagération. Mais il existe au fond de moi, comme jadis dans la tasse émaillée de ma grand-mère, ce fond de “marc“ d’arrière-goût, ou mieux ce résidu du précieux grain moulu, qui n’est pas celui des diseurs et diseuses de bonne aventure, qui y lisent l’avenir, mais bien celui d’un vif souvenir de jeunesse. Se sa yo rele an bon kreyòlː ma kafe a. Je m’en sers pour réinventer avec les Jeunes de ma ville-en-dehors ce goût perdu de la culture nationale, noyée dans la sous-culture importée. Je réponds ainsi au pressant appel d’une jeunesse avide de transmission des valeurs, à un moment où de nombreuses cultures “stupéfiantes“ remplacent le café et tuent les méninges.
Ces jeunes des deux sexes, réunis au sein de l’association MECUHA, ou “ Messagers de la Culture haïtienne “, se donnent pour objectif de promouvoir à Beaumont les éléments essentiels de la culture nationale, à travers des activités ponctuelles, entreprises depuis 2010, et dont certaines sont restées inactives faute de support logistique et de moyens financiers. Ils ont à leur actif l’inoubliable spectacle de rue, baptisé “Zonbi griyen dan“, réalisé, il y a dix-ans, par le “ Cercle de lecture universelle de Beaumont“, dit CLUB, ainsi que des spectacles culturels et récitals de poésie au Crystal Night-Club, sans oublier ces programmes récurrents à caractère évangélique du groupe AJEBAB, qui se définit comme une association des Jeunes de l’église baptiste de Beaumont.
En cette année 2020, qui s’ouvre sur un nouveau millénaire, Beaumont ne sera pas en reste, grâce aux efforts déployés, au sein de l’association culturelle MECUHA, par le jeune poète Widner Moise, qui vient de créer un salon du livre dans cette ville de la Grand-Anse, dénommé BEAUMONT EN LIVRE OUVERT, activité devant avoir lieu au Lycée national de cette ville, les 21 et 22 mai 2020.
Á sa première édition, cette foire du livre accueille le PRIX Émile Roumer, d’obédience départementale, ainsi que d’autres enjeux locaux liés à la créativité littéraire. Au programmeː lancement de livres, conférences-débats, ateliers d’écriture, séminaires de formation artistique et littéraire, spectacles culturels, etc. ; le tout débouchant sur la création d’un bulletin de communication périodique au service des nombreux jeunes talents de la région.
Un rendez-vous à ne pas manquer, le Salon du livre de Beaumont, les 21 et 22 mai 2020. De Port-au-Prince, on y va en voiture de promenade ou par transport en commun climatisé, jusqu’aux Cayes. Le reste se fait facilement en moto, sur une route entièrement asphaltée. Beaumont, un lieu de fraîcheur, idéal pour des vacances d’été.