Par Evens Dossous
James Noël, pour son passage au roman, a sorti « Belle merveille ». Paru en 2017, aux éditions Zulma, le livre raconte, en 150 pages, l’histoire d’un rescapé haïtien, sept ans après le passage du terrible tremblement de terre qui a frappé Haïti en 2010.
Bernard raconte le récit du 12 janvier 2010 à un dieu du vodou haïtien (papa Lokol, le paillon savant), tout en lui reprochant d’avoir failli à sa mission qui devrait de prédire le séisme avant même que cela se produise. Cette aptitude servira au moins à épargner la capitale de ce grand malheur.
Belle merveille s’inscrit dans le sillage des romans-témoignages sur le séisme du 12 janvier 2010.
En effet, ce roman est le témoignage d’un homme tourmenté qui se retrouvait en pleine rue, au moment où la terre commençait à trembler. Un homme profondément frappé par la catastrophe, et qui était sous les décombres, comme la plupart des gens de la capitale Port-au-Prince.
C’est en effet une rencontre pour parler du séisme, pour parler d’Haïti, de vie perdue, mais aussi d’amour retrouvé en pleine catastrophe. Et cela montre tout aussi l’urgence de la parole pour les écrivains, durant cette période, qui sont obligés parler pour trois cent mille bouches.
« Les gens de plumes ont dû parler avec gants, étant porteurs de plus de charge lourde, doublée d’une peine incommensurable : par nom des morts et des vivants, dénoncer le silence et les blancs de l’histoire, sans sombrer dans la xénophobie ».
Le roman suggère plusieurs lectures de la situation d’Haïti tant au moment de la catastrophe qu’à une période où la plaie commençait à cicatriser dans la mémoire des gens. Il invite aussi le lecteur à découvrir une Haïti présente dans tous les débats, une Haïti, destination de tous ceux et celles qui croient être capables de remettre le monde de ses maladies.
Cette invitation permet aussi de voir comment le tremblement de terre du 12 janvier 2010 peut être aussi vu comme une possibilité pour Haïti de sortir du marasme économique.
Bernard passe en revue ces moments douloureux, depuis le jour où il s’est retrouvé sous les décombres au milieu de gens pétris, écrasés par le béton, en l’espace de quelques secondes. Il y présente aussi une analyse de l’après-séisme, comment les ONG ont pris Haïti d’assaut pour faire fortune, comment ces organisations dites non-gouvernementales arrivent à s’immiscer dans les affaires du pays, empêchant du coup l’Etat d’agir à sa guise. C’est l’éclatement des ONG dans le pays.
Tout le roman se déroule dans la sinuosité d’une relation amoureuse entre Bernard et Amore, une italienne, bénévole. Elle est celle qui a découvert que Bernard, sous les décombres, n’était pas mort. Elle est aussi celle qui a obligé Bernard à quitter le pays, et qui, plus tard, comme pour donner une réponse à la rage de vivre, a voulu enfanter.