Par Junior Legrand
Le Bureau des Droits Humains en Haïti (BDHH) a accueilli dans ses locaux, à Pacot, les quarts de finale du concours de plaidoirie sur les droits humains, le jeudi 4 août 2022. Ces joutes oratoires qui ont vu débattre huits(8) étudiants provenant des différentes universités du pays, sont organisées en partenariat avec les Ambassade de Suisse en Haïti, l’Ambassade d’Allemagne en Haïti , l’Ambassade de France en Haïti et la FOKAL.
Aux environs de 10 heures, le décor était planté dans l’enceinte de la BDHH. Des figures de proue du monde de la plaidoirie en Haïti, à l’image de Me Nathan Laguerre qui faisait office de président, prenaient déjà place sur la table des jurés. Dans la salle, qui respirait une ambiance d’hostilité positive, l’atmosphère était lourde, pesante. les étudiants qui se préparaient à débattre y étaient éparpillés et essayaient tant bien que mal de garder un masque de tranquillité sur le visage, sans toutefois réussir à cacher les élans timides d’émotions qui se lisaient déjà dans leur posture. Un calme lourd prenait pied dans la pièce, troublé de temps en temps par des murmures imprécis, jusqu’à ce que Rose-Lumane Saint Jean, dans un véritable jeu de charisme, prenne la parole pour lancer les débats.
Nidger paul, champion de la dernière édition du concours, prenait la parole après Rose-Lumane Saint-Jean. Celui qui a aussi concouru pour le prix d’éloquence de Paris 1 Panthéon-Sorbonne tenait à souligner l’importance d’une telle initiative, le stress et les défis qu’il a dû affronter lors de son passage tout en encourageant les participants à se donner à fond dans l’exercice. « Le droit est le souverain du monde », martela-il pour rappeler l’urgente nécessité qu’il y a d’élaborer des règles de droits conformes à la nature des choses. Dans la foulée, les débatteur/euses qui étaient de la partie se sont confrontés, dans des envolées oratoires remarquablement captivantes, autour de quatre thématiques: La mise en oeuvre de la réforme pénale, le droit pour les médias d’interviewer les bandits, la réparation financière des descendants d’esclaves et la rémunération du don d’ovocytes. Et l’ambiance n’était pas des moindres.
Ce concours qui est à sa 7ème edition continue de faire son chemin. Cette édition regroupait trente-six (36) étudiants en droit dont huit (8), Agénor Peterson(EDSEC), Rousseau Kleidd Faublas(UNIQ), Octavius Willy(EDN), Marechal Guessy(UNIFA), Exilorme Rodrina(FDSE), Francique Onelès(FDSE), Joseph Ken-Rick Fernando(EDSEG) et Raymé Nickenson Faréstin de la FDSE, se sont qualifiés après les deux tours préliminaires qui se sont déroulés les 12, 13 et 15 juillet 2022. A l’issue des quarts de finale, le jeudi 4 août, quatre d’entre eux se sont démarqués pour filer en finale de la compétition, notamment Raymé Nikendolph Faréstin, Octavius Willy, Agenor Peterson et Rousseau Kleidd Faublas.
« Je suis un fervent passionné de la plaidoirie dès mon plus jeune âge », argue, avec une franche gaieté sur le visage, Agénor Peterson, un des quatre (4) qualifiés pour la finale. « Je me suis dit que c’est l’occasion pour moi de faire ce que j’aime le plus ». Sur l’apport du concours, l’ancien finaliste du tournoi de débat de la FOKAL en 2016 n’a pas mâché ses mots: « je suis dans mon assiette. J’apprends tout en m’amusant, j’apprends de mes contradicteurs même s’il me faut parfois composer avec le stress ». Originaire des Cayes, Agénor Peterson qui séjourne actuellement dans le sud de la capitale, dit espérer faire un bon match en finale malgré le chaos en matière de sécurité qui rend impraticables certaines artères de Port-au-Prince et pense faire des difficultés auxquelles il se heurte une bonne dose de motivation.
Pour Marechal Guessy, candidat malheureux des quarts, l’expérience a été pleinement constructive. »Je ne vais pas vous mentir, l’objectif était de remporter le concours. Mais malheureusement. J’ai appris un tas de choses et j’en suis sorti avec la détermination à travailler sur moi-même pour être un meilleur orateur. Je veux investir davantage en moi et pallier mes lacunes ». Celui qui naguère avait fini deuxième, selon ses dires, à un concours d’éloquence, pense que les activités de ce genre aident les gens à prendre conscience des violations de leurs droits. Il tient aussi à inviter les autres instances du pays à abonder dans le sens d’une telle initiative.
Fondé en mars 2015 dans la perspective de tracer un trait d’union entre la société civile et le monde judiciaire, le BDHH et ses partenaires font de ce concours une vitrine de confrontation d’idées, un moyen pour les jeunes de penser le jeu dialectique et donner la liberté à une parole de droit sur différents problèmes de société qui sont encore à l’ordre du jour.