La commune de Dondon, située à la périphérie de la ville du Cap-Haïtien, est sans doute l’une des villes du département du Nord où les premiers habitants de l’île, en l’occurrence les Tainos puis les esclaves noirs ramenés d’Afrique, vécurent le plus longtemps en raison notamment de leur résistance face aux oppresseurs. En fait, la nature a offert à ce coin de terre un cadeau inestimable : ses merveilleuses grottes.
Pour signifier leur refus à la brutalité à laquelle ils ont été astreints, alors que certains se donnaient la mort, d’autres esclaves se sont résolus à gagner les mornes, devenant ainsi des marrons afin de goûter eux aussi au doux plaisir d’être libres. La commune de Dondon, fondée en 1727 par André Minguet, un ancien infirmier qui prodiguait des soins de santé aux habitants de cette région, a offert l’opportunité, à travers ses dizaines de grottes, à ces rebelles de prendre le maquis et de s’organiser contre leurs anciens maîtres.
La grotte à Minguet, située au flanc d’un morne juste au dessus d’une rivière, retient particulièrement l’attention. Découvert le 11 septembre 1698, elle abrite certaines sculptures sur pierre réalisées par les Tainos. Lieu hautement mystique selon les vodouisants qui y viennent régulièrement faire leur dévotion. Des objets rituels propres au vodou sont éparpillés ça et là à l’intérieur de la grotte, conférant effectivement à l’espace une atmosphère mystique. Chaque 21 juillet, un phénomène pour le moins curieux se produit dans la grotte à Minguet, selon les riverains. Ils affirment qu’à cette date, en effet, alors qu’il y fait naturellement sombre, les rayons du soleil investissent la grotte, on ne sait trop comment, éclairant le lieu durant toute la journée. Le lendemain la pénombre reprend sa place naturellement jusqu’au prochain 21 juillet. Rien que pour cette curiosité, le déplacement à Dondon un 21 juillet en vaudrait la peine.
La grotte Adrien Antoine, située à Vaseux dans la section communale Brossage, plus importante en terme de superficie, suscite également admiration et étonnement chez ses visiteurs. La grotte Michel, la grotte Cadellice, la grotte Marc Antoine, la grotte des dames, etc., sont autant d’attractions qui n’attendent qu’à faire les délices des touristes en quête d’évasion et d’aventure. De plus, l’existence à Dondon de vestiges d’habitations datant de la colonie confère également à cette sympathique ville sa qualité de destination touristique de choix.
L’existence de tels lieux aux tréfonds de notre pays doit nous interpeller sur la nécessité de comprendre enfin qu’Haïti a encore beaucoup à offrir et qu’on ne peut plus continuer à la réduire uniquement à sa capitale. Les endroits les plus reculés du pays regorgent de trésors et méritent d’être placés sous les feux des projecteurs. L’industrie du tourisme pourrait tirer d’énormes profits de la richesse de nos ressources naturelles et de notre fabuleuse histoire si les autorités compétentes prennent les dispositions adéquates pour investir dans ce secteur qui peut servir de planche de salut au développement de notre pays.
Rodson SAINT-HILAIRE