Par Coutechève Lavoie Aupont
Michèle Duvivier Pierre-Louis, née en 1947 à Jérémie (Haïti), est avant tout une figure politique et intellectuelle. Engagée dans divers combats portant sur l’amélioration de l’éducation, le renforcement des arts et de la culture, la démocratie, l’émancipation des femmes, l’accès à la formation et aux droits fondamentaux. Le parcours de cette femme est remarquable et couronné de plusieurs distinctions. Sa ferveur et l’engagement avec lesquels elle a servi son pays n’ont point d’égale.
Après un diplôme en économie du Queens Collège City of University of New York, Michèle Duvivier Pierre-Louis est revenue en Haïti, où elle s’est consacrée à l’amélioration de la formation des sages-femmes, de l’éducation et à l’alphabétisation des adultes. Elle devient en 1986, formatrice nationale de la Mission Alpha chargée de la campagne d’alphabétisation. Elle a travaillé dans les secteurs privé et public comme directrice de crédit à la Scotia Bank, et plus tard, directrice adjointe de l’autorité aéroportuaire Nationale. Son charisme et son amour du devoir accompli auront raison sur toutes les intempéries politiques et sociales qu’a connues ce pays.
Membre du cabinet du président Jean Bertrand Aristide, en 1991, elle empoignera la tâche de redéfinir la mission de l’Etat et la coordination entre la présidence et les ministres, en s’appuyant sur les réquisitions de la société civile et en tenant compte spécialement des organisations rurales sur la gestion des biens terriens.
En 1995, Michèle Duvivier Pierre-Louis crée la Fondation Connaissance et Liberté qu’elle dirige en même temps.
Membre de l’Open Society Institute, la FOKAL défend la position fondamentale selon laquelle tout changement réel ne peut avoir lieu que si les intéressés deviennent les acteurs principaux. De ce lieu, la fondation se consacre aux domaines: de l’éducation, de la culture, du développement communautaire, de la protection de l’environnement et du patrimoine, de l’équité entre les sexes, de la société civile et de la formation des jeunes. Elle crée bibliothèques, écoles et centres culturels à travers le pays. Entre 2008 et 2009, elle a même été servi son pays dans les plus hautes fonctions. Elle a été premier ministre et ministre de la justice sur la présidence de René Garcia Préval.
Professeur, elle enseigne l’histoire des sociétés caraïbéennes et le XIXe siècle haïtien. Jusqu’en 2006, elle a été également membre du collectif de rédaction de la revue Chemins Critiques. Elle publie périodiquement des articles et des recensions et collabore à plusieurs revues étrangères et universitaires. Prix Women Political Leaders Trailblazer Award Winner en 2020. Détentrice de deux doctorats honoris causa de Saint Michael College du Vermont en 2004, et de l’université de San Francisco en 2014. Resident-Fellow à Harvard University en 2010. Membre de la Commission internationale contre la peine de mort créée en 2010 par le président Zapatero. Membre du Haut Conseil pour la médiation créé en 2017 par Antonio Guteres, secrétaire général des Nations.
Promotrice de l’éducation, de la démocratie et de la culture en Haïti, elle voue une admiration indéfectible aux femmes engagées et aux militantes des droits et de l’émancipation de la femme haïtienne. C’est avec une des palettes les plus riches d’expériences, d’engagements et de savoir-faire que Michèle Duvivier Pierre-Louis est élue aujourd’hui à la présidence du Centre d’art Haïtien. Institution dont la mission, depuis sa création en 1944, est d’accompagner, de former et de sortir l’art et les artistes de l’ombre.