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Haïti / Littérature: Davertige: une revue d’hommage à la parole et au poète de Pétion-ville en blanc et noir. 
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Haïti / Littérature: Davertige: une revue d’hommage à la parole et au poète de Pétion-ville en blanc et noir. 

 

Lancée à l’Institut Français en Haïti, le mercredi 31 mars 2021, la revue de poésie « Davertige », éditée par l’association Loque Urbaine, sous la direction du poète Jean D’Amérique, est un bijou brillant de couleurs dans la forme et dans le fond. Reprenant en grande partie des poètes haïtiens et étrangers qui ont fait figure à la première édition du Festival international de poésie Transe Poétique de 2019. Tout en cette revue mérite notre admiration et exige tous nos souhaits de longévité.

 

Loque Urbaine, l’association 

 

La jeune structure a été créée en janvier 2017 à l’initiative du poète Jean D’Amérique, rejoints peu après par Jean Gesner Dorval, chargé d’administration et de coordonnateur du festival, et Marie Monfils, chargée de communication et coordonnatrice de la revue, ainsi que d’autres acteur.trice.s et amoureux.ses de littérature. Principalement de poésie. Loque Urbaine a porté sur ses jeunes épaules, bien avant la revue Davertige, le festival international de poésie Transe Poétique, établi depuis 2019. L’objectif principal de ce festival est de faire revivre la création poétique sous toutes ses formes, faciliter les rencontres entre d’autres disciplines artistiques, favoriser le partage et la diffusion de la poésie et de la littérature en général.

 

La parole

 

Martin Heidegger croit que la parole est inhérente à l’homme. À tel point qu’il arrive à parler sans proférer une parole. Tout seul par la pensée. Le silence. Les idées ou les voix dans sa tête constituent un espace d’expression intimiste et caractéristique constant de se reveler. C’est donc par la parole que l’homme se manifeste. Devient sujet. Action. Et pour s’accomplir, l’homme doit trouver parole véritable. Parole qui libère. Qui le rend meilleur et digne de sa condition d’homme. C’est cet élan. Ce besoin d’être signifiant qui le porte vers le poétique. La poésie. Cette mathématique supérieure disait Jean Cocteau. Et souvent, cette quête trouve son salut dans ses angoisses intimes en écho à la douleur de l’autre. Mêlée aux aléas du quotidien, cette parole fagile, bâillonnée ou en chute libre devient poèmes. Paroles. Poésies. Béquilles pour aller. Partir et se retrouver. Soutenir, tendre la main et esquiver les entraves de la vie. Habiter le monde. Et en final exister. Vivre en résonance avec tous les peuples du monde.

 

Le besoin de parole

 

Qui ne connaît le besoin immense et vital de dire? De raconter? De mettre des formes, des visages ou des noms sur la réalité? Qui ne sait ce désire brulant de parler amours, chansons, inachevés ou dépressions? Qui ne cherche vérités ou formules ? Beautés et pansements? Qui ne souhaite joies? Utopie ? Qui ne refusera aide à un autre perdu ou bouché par le voile de la souffrance? Qui?

 

Peut-être que Davertige est née de quêtes personnelles et pourtant communes à nous tous? Une chose est sûr la revue porte le nom d’un génie aussi lumineux que sournois. Puissant et incontournable.

 

Qui n’a jamais senti cette fièvre de vouloir être autre chose qu’un corps malade et désuet? Autre chose qu’une mémoire disloquée et toujours en manque? En quête d’asile ? D’ailes ? De modèles ? Qui n’en a pas assez de n’être marre de sentiments qui sèche au fond d’une poitrine ? Qui n’a jamais eu l’envie d’aller loin? De respirer ne serait-ce qu’une once d’éternité? De s’extirper? De s’autovomir? Pour reprendre une formule propre à Léo Ferré. Davertige est peut-être besoin d’absolu aussi. Pourquoi pas?

 

Dans la revue Davertige

 

De Davertive, grand bâtisseur de poèmes lumineux, à Une théorie de l’amour de Jean Pierre Siméon; en passant par Adlyne Bonhomme, Hugo Fontaine, Eliphèn Jean, le livre s’illumine d’une rare clarté tantôt amoureuse tantôt intimiste. D’une force humaine propre à la poésie. Elle plonge dans le souvenir de l’enfance, dans des définitions inédites de l’amour, de la nature et de la beauté.

 

De Ricardo Boucher qui, avec Le peuple la poésie et la révolution, se fraye un chemin entre les ruine, pancarte collée au visage à Milady Renoir bousculant Le bloc noir, L’Etat dangereux, cherchant appartenance, elle se bat avec agilité et lumières; en passant Pina Wood quui dénonce, la langue tranchante mais melodieuse; James Noël, lui, rend hommage, fait offrande, espère. Les poèmes se font cris. Se font perles. Paroles immuables. Quêtes de bien-être, d’humanité, d’où poser ses bagages et panser les blessures. Trouver paix.

 

De Coutechève Lavoie Aupont, Chemins usés vide voyageur, à Incisif de Bonel Auguste, Autoportrait de la porte, Clé de Makenzy Orcel se dessine une quête de lumière, du temps qui fuit, de l’homme égaré ou rongé par l’usur ouu lui-même ? La volonté de ranimer les peuples et faire tomber les verrous. Le désire de surmonter la bêtise est à fleur de peau. On rêve enfin de prendre le contrôle. Il faudrait croire qu’il y a urgence à refaire l’image de l’homme. Il y a urgence de parole, de dire ou de redire le vertige.

 

Et à Lisette Lombé de refixer le sens du poème. De réhabiliter la fonction de celui qui parle dans la cité. Le poète ou la poétesse est conscience. Le language de la poésie est celui qui rend justice à la cité. Qui redit l’amour. Fixe l’être. L’élève. Répare les torts faits à l’humanité toute entière .

 

Davertige pansera des plaies.

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