Ce 3 mai ramène la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, qui a pour thème cette année « Les médias pour la démocratie : Journalisme et élections en temps de désinformation ».
Pour l’édition 2019, l’UNESCO a jeté son dévolu sur cette thématique cruciale dans un contexte difficile où la presse est de plus en plus décriée dans certains pays dont Haïti. En effet, il est urgent que les journalistes puissent se démarquer des clivages idéologiques et politiques afin de porter un message capable d’inspirer confiance à leur public et de participer efficacement au processus de développement de leur société.
En Haïti, les longues luttes qui ont été menées jusqu’au départ du dictateur Jean-Claude Duvalier en faveur de la liberté d’expression se sont au fur et à mesure heurtées à l’incapacité de la presse à jouer son rôle de garde-fou et de porte-étendard d’une parole saine et responsable dépouillée de tout parti pris et d’intérêts de chapelle. Aujourd’hui, plus que jamais, la presse haïtienne est en fait confrontée à un grave problème de crédibilité. Les groupes d’influence économiques et politiques ont pris en otage cette presse fragile et précaire qui doit malheureusement s’aligner à certains intérêts obscurs pour sa survie dans un contexte socio-économique délétère.
L’émergence des réseaux sociaux qui se sont graduellement substitués aux sources traditionnelles d’information, constitue un facteur de plus qui fragilise davantage la situation des médias haïtiens qui doivent quotidiennement faire face au phénomène des «fake news» alors qu’ils peinent déjà à regagner la confiance de l’auditoire. De plus, le manque de formation criante de certains éléments de la presse haïtienne qui ont paradoxalement la délicate charge d’influencer une opinion publique en quête de repères, complique davantage la situation de cette institution charnière qui doit se relever et inverser les évènements en sa faveur.
Rappelons que le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano est attribué cette année par un jury international indépendant aux journalistes du Myanmar emprisonnés Kyaw Soe Oo et Wa Lone, emprisonnés depuis 2017 suite à une condamnation pour avoir enfreint la loi sur les secrets d’Etat.