Par Walner Olivier
Le nouveau coronavirus, paru au mois de décembre 2019 à Wuhan, en Chine, continue de semer le deuil dans le monde. Plus loin, on peut constater que la COVID-19 fait disparaitre les relations humaines, caractérisées notamment par les rituels de salutation, grands signes d’amitié, de convivialité, de dimension humaine. Ce coup porté à ces rituels vise à éviter la propagation de cette pandémie. Les mesures sont multiples : se laver les mains régulièrement, éviter de serrer la main, maintenir une distanciation physique de 1,50 m, etc. Les deux dernières réduisent sérieusement les rapports entre les humains.
Dans toutes les relations humaines, la salutation est un rituel de politesse exprimant le respect, la reconnaissance. Pour certains, elle est signe d’une bonne éducation, de civilité. Toute rencontre, l’ouverture de toute interaction verbale requiert une salutation. Etant un acte de politesse, elle constitue l’un des ingrédients permettant la réussite de toutes les relations humaines, suivant une idée avancée par Filissetti (2009).
L’interaction verbale est un échange communicationnel. Elle met en jeu deux ou plusieurs locuteurs. Ce type de dialogue, selon la linguiste Catherine Kebrat-Orrechionni, 1994[2010], s’ouvre par deux actes de langage. Un « acte initiatif » du locuteur-1 quand il dit : Bonjour/Bonsoir. Un « acte réactif » du locuteur-2 qui répond par un : Bonjour/Bonsoir ou par « comment vas-tu ?» Kebrat-Orrechionni soutient que la salutation témoigne le niveau de sociabilité d’un citoyen.
En Haïti, comme dans bien d’autres pays, la salutation verbale va souvent de pair avec un serrement de main. Eviter de serrer la main à un ami, un proche en Haïti est symbole de désaccord. On entend dire dans notre quotidien : « Misye kontre m nan lari li pa lonje m lamen», ou « m bay misye lamen li pa pran.» Tous ces discours font montre qu’il y a une différence. Dans les villes, la salutation verbale se fait de manière rapprochée. La salutation des filles et des garçons, lors de leur rencontre, s’accompagne d’une embrassade. L’absence d’un tel geste est signe de discorde.
Avec l’apparition de la Covid-19 qui fait rage à l’échelle planétaire, les relations humaines s’effritent. La salutation de proximité diminue. L’interaction en présence a quasiment disparu. Il faut une distanciation physique de 1,50 m. Point de distance personnelle fixée 0,45 m à 1,30 m. Le nouveau coronavirus fait peur à tous. Il faut éviter de serrer la main, d’embrasser. Il faut respecter la distance sociale, pris au sens de l’anthropologue Hall Edward Twitchell (1971).
Pour exprimer le respect de l’autre au temps de la COVID-19, il faut éviter de lui serrer la main, garder une distanciation de 1,5 m dans les relations. On ne connait qui est infecté. On ne veut pas être contaminé. La période d’incubation peut aller de 4 à 14 jours selon les scientifiques. La transmission de la COVID-19 se fait au moyen des gouttelettes dégagées lors d’un éternuement ou d’une toux.
Ce grand affaiblissement des rituels de salutation, des liens sociaux en cette période de crise sanitaire est utilitaire. Ce sont des mesures ou gestes barrières pour se prémunir contre ce virus et contrecarrer sa propagation.