Par Marc Exavier
Maitre Marc Antoine Saint Vil compte parmi les ténors du barreau des Gonaïves. Récemment, il faisait partie du conseil de défense dans le retentissant procès de Clifford Brandt. Il aime beaucoup s’appuyer sur les textes pour bâtir ses argumentations, éclairer ses dossiers.
« Un avocat, dit-il, doit bien connaitre les articles de loi, les commentaires, la jurisprudence et la doctrine. Un avocat ne peut pas ne pas lire. Il doit toujours être en quête de documentation. On peut pas priser la fiction mais on doit savoir qu’un roman peut vous aider à comprendre le comportement, la psychologie des gens ».
Maitre Marc Antoine Saint Vil reste profondément marqué par la lecture, entre la 6ème et la seconde, des auteurs classiques français La fontaine, Corneille, Racine, Molière. Il cite également Victor Hugo, Georges Sylvain, Oswald Durand.
Quand Maitre Saint Vil faisait ses études secondaires durant les années 1960, il n’y avait pas de bibliothèques dans les villes des Gonaïves du moins pas dans les écoles qu’il a fréquentées. Mais certains professeurs s’employaient d’inculquer aux enfants le goût de l’excellence en les encourageant toujours à lire et à bien parler, parmi eux Maitre Saint Pierre et Marceau Dupiton. A la faculté de Droit de Port-au-Prince, il eut le bonheur d’admirer l’érudition et la veuve de Grégoire Eugène, chef de parti politique qui rédigeait tout seul un magazine hebdomadaire. Devenu enseignant à son tour, Maitre Saint Vil a toujours eu le souci d’inciter à lire ses élèves de 9e, en utilisant divers méthodes. Ses anciens élèves en gardent un bon souvenir, par exemple Raoul Bourdeau Altidor.
Professeur de droit Pénal, à la Faculté de Droit des Gonaïves, il se sent toujours d’une riche bibliographie incluant les plus récents ouvrages parus en Haïti et à l’étranger. C’est un fidèle client de C3 Editions. Pour les jeunes avocats des Gonaïves, il demeure une précieuse référence. On vient souvent le consulter.
« Le droit est un métier de la parole, dit-il, un avocat doit bien maitriser la langue. Je lis avec beaucoup d’attention en essayant de retenir des mots inconnus et les phrases intéressantes. En lisant, on doit toujours essayer de retenir quelque chose, bien utiliser sa mémoire. La mémoire d’un homme n’a pas de limite. Moi, j’ai lu sans relâche.»
Maitre Marc Antoine Saint Vil déplore la froideur de la vie culturelle aux Gonaïves, il parle même d’une véritable débandade au niveau des écoles et de la société.
« La débandade est arrivée avec la soi-disant démocratie. La jeunesse aujourd’hui n’a pas de balises, toutes les dérives sont permises ; On entend n’importe quoi à la radio et à la télévision. Autrefois les chansons immorales étaient interdites de diffusion. Autrefois, aux Gonaïves, il y avait beaucoup de clubs culturels et mêmes des groupes musicaux comme Volcan, Simbie, etc. »
Maitre Marc Antoine Saint Vil conseille aux jeunes d’exiger des bibliothèques dans les écoles. Il les exhorte même à manifester, à élever la voix pour que les livres soient mis à leur disposition. Car, selon lui, le travail fondamental pour changer la société doit s’effectuer au sein des établissements scolaires. Les élèves doivent former leur personnalité et leur jugement au …… des livres.
« Quand vous lisez, on ne peut pas vous raconter des mensonges. On lit selon ses intérêts, ses inclinations, ses penchants. Si on veut devenir historien, on lit des livres d’histoires, si on veut devenir pasteur, on lit des livres de théologie. Tout avocat doit posséder une bonne bibliothèque où les manuels de droit peuvent voisiner avec des livres de psychologie, de sociologie, Bref, tout ce qui peut aider à mieux comprendre l’âme humaine. »