Par Mérès Weche
Dans un reportage publié dans Le Nouvelliste, livraison du 29 avril 2020, sous la plume d´Élien Pierre, je retiens ces propos du ministre de la Culture, M. Pradel Henriquez, au moment de procéder à l’installation du peintre Jean-Claude Legagneur comme nouveau Directeur Général du MUPANAHː “ De tous les Directeurs installés au Musée du Panthéon National Haïtien, Haïti a la chance aujourd’hui de trouver un peintre de renommée internationale pour refaire sa beauté. Ce Musée, inauguré en 1983, vise non seulement à perpétuer et à diffuser le souvenir des Pères de la patrie, mais aussi à participer à la conservation du Patrimoine et à la diffusion de la culture nationale “. Partant de cette importante déclaration culturelle du ministre, je reviens à ce rapprochement que j’avais fait, à sa propre installation au Ministère de Culture, et cela sans émotion, entre lui et André Malraux, pour dire en d’autres mots que “la chance qui passait“ en 1990, sur le plan strictement politique, peut toujours revenir et se transformer en avantage culturel pour le pays. Qu’importe le gouvernement, car un pays ne meurt jamais. Je persiste et signe là-dessus, qu’on le veuille ou non. J´en profite également pour saluer l’avènement de deux compétences aux affaires culturelles en Haïtiː Jean Emmanuel Jacquet, à la Direction Nationale du Livre-DNL, et Inrico Dangélo Néard, à celle de la Bibliothèque Nationale.
Ces mots du ministre de la Culture, relatés ci-dessus, sonnent à mes oreilles presque comme une autocensure, même s´il n´a pas été un peintre quand il dirigeait lui-même le MUPANAH, au cours de l’année 2000. Je reconnais toutefois qu’il accorde une importance particulière aux peintres, pour en avoir encadré beaucoup en son temps. Si aujourd’hui, par l’entremise du Dr. Blondel Auguste, j’ai mon entrée au sein de l´AMECA à Cuba, je dois à Pradel Henriquez, ex-Directeur Général du MUPANAH, de m´avoir permis de couvrir, en 2000, à titre de journaliste d’art, une exposition de peinture à la Havane, au point que mon reportage, traduit en espagnol, figure dans le catalogue de ladite exposition binationale; un point essentiel dans mon itinéraire de retour à Cuba.
Pour revenir à Jean-Claude Legagneur qui, d’instinct, explore de fond en comble la culture haïtienne, dans ce qu´elle recèle de naturel et d´humanisme, je le crois à la hauteur de la tache, pour répondre à la question posée en titre. Jean-Claude Legagneur, un peintre d´une extrême sensibilité dans sa façon de penser une fleur, un visage d´homme ou de femme, jusqu’à la simplicité d´une chaise de paille, quand ce n’est pas tout bonnement une tranche de melon d’eau posée dans toute sa fraîcheur sur une table. J’espère que cette “chance qui passe“ ne connaîtra pas le sort de celle qui trépassa en 1991.
Méres Weche