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Le regard des autres.
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Le regard des autres.

Par Lesly J. TOUSSAINT

L’homme est un animal social, par conséquent, il est fait pour vivre en société. Il va de soi qu’il obéït consciemment et/ou inconsciemment à un ensemble de codes, de préjugés, et donc des conventions sociales et culturelles qu’on peut inférer de nombreuses fictions, qui, cependant sans elles la vie en société serait chaotique; sans elles, on obéirait à nos pulsions les plus primaires; chacun ferait ce qu’il entend. Cependant, dans notre rapport avec le monde, le regard des autres est un sujet extrêmement présent dans les sociétés contemporaines, sociétés de l’image, sociétés de la représentation. Et il me semble qu’aucun d’entre nous, ne soit à l’abri du jugement des autres. Si bien qu’il y a une des citations les plus célèbres de Jean P. SARTRE qui dit, je cite : 《L’enfer c’est les autres》, Citation qui provient de la piêce de théâtre 《Huis clos》, pour ceux que cela peut intéresser. Quoique soumise à de nombreuses interprétations, et celle la plus connue, c’est que ce sont les autres qui sont la cause de nos souffrances. Il est à noter que notre mission ne consiste pas à faire un examen critique de cette citation, mais on ne peut pas aborder un sujet portant sur le regard d’autrui sans se rappeler de Jean P. SARTRE, philosophe existantialiste athée.

Si l’on part de cette phrase de Berkeley qui dit que 《être, c’est être perçu》, nombreuses questions peuvent surgir. Par exemple, comment l’homme se perçoit t – il dans sa tête sous le regard d’autrui? Comment souhaite t – il être percu, être vu? Comment l’autre le perçoit, le voit? Du moins a t – il conscience de tout cela? Cela nous conduit dans un nouveau concept de la philosophie Sartrienne, qui est le concept de subjectivité. Pour Sartre l’être humain est d’abord une subjectivité. Et une subjectivité est un point de vue sur le monde. Donc l’être humain a une capacité de perception, il possède une conscience, il est par conséquent capable de percevoir le monde autour de lui; percevoir autrui, c’est sa particularité. Ainsi l’être humain ayant une conscience, existe comme un point de vue sur le monde; il existe comme regard; alors le monde est sa conscience du monde; c’est son expérience du monde. Le monde est sa représentation,  comme l’explique  Arthur Schopenhauer dans 《Le monde comme volonté et comme représentation》. En conséquence, chaque fois qu’on interpénètre une autre conscience dans une rencontre, chaque fois qu’on est scruté par l’autre, soumis à son regard, ca bouleverse notre représenation, on est plus une conscience qui percoit le monde, on devient l’objet d’une autre conscience extérieure. Arrivé a ce stade, on rencontre deux groupes d’individus, un premier groupe conscient de ce phénomène, se demandant quel comportement adopter, et un autre groupe qui, soit l’ignorer ou feindre de l’ignorer.

En effet, je ne vais pas m’ériger en donneur de leçon, du moins me faire passer pour quelqu’un qui a les réponses, donc je ne peux pas repondre objectivement. Toutefois, je peux développer mon point de vue se basant sur des hyphothèses pertinentes, et donner matière à réfléchir. Donc ce que vous allez lire n’est pas une vérité c’est ma représentation du regard du monde.

Étude de cas 1, pour ceux qui ont conscience du regard des autres, je pense que si un individus ne joue pas le jeu de ses représentations, il fait bien, car il ne sera plus esclave de celles – ci, et donc l’esclave du regard des autres. J’entends par là, puisque l’on est des individus perceptifs, chacun voit midi à sa porte, et donc chacun percoit le monde selon sa toile d’intention et de perception, par conséquent il se le représente selon la profondeur de ses réflexions et le pense selon les limites de son vocabulaire. Moi, comme individu, qu’ai je donc pu faire face à cela? Ai – je le pouvoir de résoudre l’autre à ne plus penser de moi, ce que sa limite de vision lui permet d’obtenir comme matière? [car sous son regard je ne suis plus une conscience] Eh bien 《Non》, je ne peux pas. Car parmi les choses du monde y’a ceux qui dépendent de moi et ceux qui ne dépendent pas de moi. Pour élucider mon propos, je reprends ces paroles d’Épictète qui disait 《Ce qui dépend de nous c’est notre vie spirituelle : nos pensées, nos jugements, nos désirs et notre volonté. Ce qui ne dépend pas de nous c’est tout ce qui est hors de notre vie spirituelle : notre beauté, notre santé, notre place dans la société (richesse/ statut) et notre destinée.》problématisons un peu, quelle est la méilleure démarche à adopter ici? M’occuper de ce qui dépend de moi, persévérer dans mon être (le fameux conatus de Spinoza) ou éssayer de résoudre les choses qui ne dépendent pas de moi? Extrapollons un peu, quelles sont les limites de ma connaissance? Puis – je savoir à l’avance ce que l’autre peut penser de moi afin d’anticiper sa perception, la corriger? Ou bien, bien entendu pour les plus malins, sachant forcément que les conditions sociales de coéxistence ne sont que les ombres de la caverne de Platon. Un habillage culturel de l’hypocrisie, une comédie. On peut donc donner l’image du jugement que l’on veut recevoir en l’occurence, s’accomoder aux normes sociales. Puisque l’idée de la colléctivité est souvent la seule idée prévalue. Cependant, ainsi agissant, n’est ce pas jouer le jeu de la représentation? Donc, on en revient à admettre qu’un individu social n’a pas ce luxe de s’échapper, s’évader des conditions sociales de co-éxistence, ou bien s’évader totalement.

Étude de cas 2, certains diront qu’ils s’en foutent royalement des rêgles sociales. Ce groupe est subdivisé en deux sous groupes, ceux qui font parti des faiseurs de rêgles, on comprend donc qu’ils sont au dessus des rêgles puisque les idées dominantes des sociétés sont les idées de la classe dominante, idée de Karl Marx que je valide d’ailleurs. Et l’autre sous groupe sont ceux avec leurs esprits obtus. On va prendre l’exemple de deux types de sociétés, les États-unis et la France. Hormis le fait que ceux qui font les rêgles sont toujours au dessus, donc pour eux le regard d’autrui ne compte pas. D’une part, aux Etats – unis, surtout dans la communauté noire, un individu est perçu avant tout par ses possessions, on aura sur lui un jugement par rapport à sa représentation économique, son paraître. Ceux – là sont le plus souvent très bling bling, voitures de luxe, grande maison etc… d’ailleurs, on ne regarde pas un individus avec une montre Rolex avec le même regard qu’un individus avec une montre Casio. cependant en France, mis à part la valeur économique, on va aussi éxaminer l’être. Ce dernier va avant tout passer par le langage. Un individu en  France qui parle en 《Weshhhh》, sans vouloir faire un jugement de valeur, même derrière une ligne téléphonique, on saura de lui, son appartenance sociale, son origine etc… De même, un individu compétent dans un domaine quelconque qui parle moins bien la langue de Molière, aura plus de souci à se hisser dans l’échelle sociale par rapport à un individus moins compétent mais qui a un langage soutenu, c’est à dire qui utilise plus que 300 mots. De surcroît, un individus avec un costume 3 pièces aura plus d’écoute dans un milieu public ou privé qu’un autre moins bien sapé [expception faite pour les célébrités, car ce sont eux qui font les rêgles]. Quoique la vérité n’a rien à voir dans la distinction entre le message et son messager. On peut prétendre que ces cas n’ont pas grand choses à voir sous le regard d’autrui, pourtant ça a tout à y voir, parce qu’on est des individus sociaux et donc ignorer les contrats sociaux n’indique pas qu’on ne va pas en subir leurs conséquences. Et, cela ne fait pas de nous des gens plus malins.

Pour conclure, la question du regard d’autrui ne peut être analysée sans une connaissance solide de soi – même, cependant pour avoir cette connaissance, il nous faut nous rencontrer nous – mêmes. J’entends par là, nous épprouver au crible des tests de contradictions. Je veux dire qu’on doit soumettre nos croyances et nos connaissances à un ensemble de tests de réfutations, auxquelles elles doivent résiter, sinon elles méritent d’être changées. Afin de comprendre notre force, comprendre ce qui caractérise notre caractère, notre personnalité, comprendre de quoi on est fait. Car quand on est percu, y’a deux actions identiques qui ont eu lieu, on est sujet et objet à la fois, parce que nous aussi, étant percus, percevons l’autre, donc le sujet est objet de notre représentation, objet de notre percéption. Néanmoins, l’autre a les mêmes inquiétudes spirituelles que nous, bien sûr, si nous sommes dans ce schéma de perception. Alors, pourquoi cela serait à lui d’avoir le pouvoir de nous intimider? Pourquoi c’est à nous d’être intimidé par le regard d’autrui? Auxquelles interrogations qu’on saura répondre, une fois faire cette rencontre avec notre individualité. Par ailleurs, un individus ayant fourni un travail considérable sur sa personne, n’aura que faire du regard d’autrui. Tel autre individus, dans une insécurité remarquable, aura pour enfer le regard d’autrui. Cela revient à rappeler que le travail est avant tout de s’occuper des choses qui dépendent de nous et toujours faire notre mieux, afin de créer notre propre marque dans le monde; faire du regard de l’autre notre paradis. En sorte que quand on se voit vu, qu’on se dit:《Je leur mets plein la vue》. Et, accepter que l’autre aussi, existe indépendamment de notre volonté, donc, il est une conscience libre; libre de nous voir selon notre toile de perception; libre de nous voir selon sa toile de perception; libre de nous respecter comme on le souhaite, comme on le mérite; libre de nous détester comme on ne l’aurait jamais souhaité même si on le méritait; libre de ne pas nous calculer. Pour la simple bonne raison que 《être, c’est être perçu》 et s’inquiéter des choses qui ne dépendent pas de nous, c’est  nous irriter voire même nous troubler l’âme.

[Références: Le monde comme volonté et comme représentation (Arthur SCHOPENHAUER), Huis Clos  (Jean P. SARTRE), Les manuscrits de 1844 (Karl MARX), Pensées pour moi même (Marc AURÈLE), Charles ROBIN, la dialectique chez Hegel]

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