Par Jean Emmanuel Jacquet
La pièce « La nuit juste avant les forêts » de Bernard-Marie Koltès a été programmée, le mardi 26 novembre 2019, à l’Institut Français en Haïti, dans le cadre de la 16e édition du Festival Quatre chemins. Elle a mis en scène le comédien Jean-Erns Marie-Louise dans un soliloque d’une heure environ.
« Un homme paumé, rencontre son frère et s’adresse à ce semblable : se saoule de mots, contre la solitude, contre tous les enfermements, rugit son amour avec toute la fougue du désespoir. Un pièce sur la quête impossible d’un autre semblable », pour reprendre une belle analyse de la pièce par Jean-Yves Alt sur son blog Culture et questions qui font débats.
La voix du comédien porte un discours sur le social, le matérialisme, toute une série de phénomènes sociaux, la mondialisation, la capitalisme, avec toujours la chambre et le travail comme support, comme pour rappeler les premières intentions de la pièce. Ce soliloque est une sorte de regards croisés sur le sens de la vie, des choses, du travail, de l’autre, avec aussi dans la toile de fond des sentiments explosifs, parfois inavoués, bafoués par le temps, de désirs, de jeux sur le sexe, sur l’amour, l’homosexualité, des sentiments pour Mama, la demande de réconciliation, etc.
« … Camarade, je te trouve et je te tiens le bras, […] ne dis rien, ne bouge pas, je te regarde, je t’aime, camarade, camarade, moi, j’ai cherché quelqu’un qui soit comme un ange aumilieu de ce bordel, et tu es là, je t’aime, et le reste, de la bière, de la bière. » (extrait de la pièce)
La mise en scène est organisée en circulaire de manière à faciliter les mouvements du comédien qui doit de temps en temps sauter du carré de fleurs, de la statue et du jet d’eau, pour ensuite circuler facilement dans ce jardin de l’Institut Français, décor atypique pour ce plateau de théâtre provisoire (qui peut être modifié en fonction du lieu et du temps).
On était impressionné par le silence des spectateurs tout au long de la représentation et par leurs vifs applaudissements à la fin. En effet, maîtrise du texte, jeux scéniques réussis, hésitation sur la durée, mais soutenue par l’humour abondent dans son travail. Le comédien Jean-Erns Marie-Louise a réussi sa première représentation devant un grand public, avisé, habitué au théâtre.
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