Par Lord Edwin BYRON
L’Haïtien est un être fuyard. Le pays qu’on imagine est parfois loin de sa terre natale. Il faut toujours s’inscrire dans la perspective du retour après avoir tout affronté hors de ses jalons identitaires. Le spectacle « Exil » présenté à la 18e édition du Festival 4 Chemins , le 19 novembre 2021, par le groupe « Spectacle vivant Haïti », sied bien dans cette logique de raviver la mémoire. Retour sur le regard de plus d’un artiste (musiciens, comédiennes, chanteuses, poètes…) sur cette fuite à la faveur d’un concert qui n’a pas déçu les attentes.
Douze morceaux d’auteurs haïtiens et étrangers ont été choisis pour signifier la démarche. Une contenance artistique bien à la hauteur d’une vision citoyenne responsable. De « Istwa dwol » de l’artiste Belo à « Kilé nap di ase » de Wooly Saint-Louis Jean, en passant par « Leve Cecilia » de Jean Claude Eugene, « Nostaljide» de Rodrigue Milien, sans oublier « Pitit kay », de Carole Demismin, le menu était tout à fait considérable pour un concert aussi édifiant, si l’on tient compte des remarques de plus d’un assistant.
Il s’agissait pour le groupe de camper, en un premier temps, un portrait de la société haïtienne en axant le travail sur l’ailleurs. Ainsi, un coup d’œil historique de la genèse de cette mentalité de fuite de l’haïtien s’avérait nécessaire.
Le groupe et sa création
L’idée de créer un groupe d’animation et d’opération culturelle dénommé : spectacle vivant Haïti, a pris
naissance en juillet 2021, à partir de la collaboration du metteur en scène Rolando Etienne avec Stéphanie Guerrier, qui est l’initiatrice de ce mouvement.
Spectacle vivant Haïti, n’est pas encore un groupe formel, pour répéter M. Étienne. Avec un aréopage de musiciens, de poètes, de comédiennes, de chanteuses, de danseuses et d’intellectuels œuvrant dans le secteur culturel haïtien, le groupe semble se donner du défi à relever.
L’intérêt pour un mélomane de revivre ce spectacle (Point de vue de Rolando Étienne)
D’abord au niveau de la thématique : Migration, immigration, exil. Un débat qui fait aujourd’hui actualité dans le monde. De plus, on est tous des migrants dans le monde. Chaque pays a une histoire liée à ce phénomène. Parce qu’une bonne partie de notre histoire est liée au phénomène de la traite négrière; parce qu’aussi une bonne partie de notre histoire de luttes politiques et sociales est en étroite relation à la question du marronnage et de la migration qu’elle soit
voulue, forcée, ou clandestine.
En ce sens un vrai amant de la musique et qui s’intéresse particulièrement à la chanson haïtienne, doit prendre son temps pour parcourir les différents rythmes musicaux (Compas Samba, Bossa Nova, Jazz bleus, Roots, Meringue salsa) qui ont inspiré ce spectacle et aussi passer en revue les chansons qui ont marqué ce concert. C’est un spectacle de chansons et de poésies qui a mis en valeur les monstres sacrés
de la chanson haïtienne : Guy Durosier, Manno Charlemagne, Martha Jean Claude, Carole Demesmin, Tabou Combo, Skaha Shah, Belo, Rodrigue Milien, Wooly St-Louis Jean. Je pense qu’à partir de cette liste il y a donc quelque témérité pour un mélomane de rechercher des motifs pour pouvoir vivre et revivre ce
spectacle.
« Exil », une belle promesse de la chanson haïtienne
« Après plus vingt ans d’expérience dans ce secteur, je pense avoir vu, encadré, accompagné tellement de
talents qui me font croire que Haïti est pourvue de talents et de compétences à nulle autre pareille dans le milieu artistique », se réjouit M. Etienne. « Ce que j’ai découvert dans ces trois filles: Loranne Stessie Charles, Landie Charles et Stéphanie Guerrier, prouve que ce projet est particulièrement enrichissant. C’est un témoignage en plus qui nous fait croire qu’Haïti survivra malgré tout et ce, parce qu’elle possède des talents incomparables et ces jeunes filles, en sont l’exemple », a-t-il poursuivi.
A côté d’elles tout le staff de musiciens : Wooly St Louis Jean le directeur musical du spectacle, Caleb François Keebordiste, Ferdinand Guitariste et
arrangeur, Philippe Saint Louis, Bassiste et Marc Harold Percussionniste. Il faut retenir aussi l’apport considérable des conseillers artistiques : Bonel Auguste et Gregory Alexandre.
De ce spectacle est né, pour répéter le directeur artistique du projet, la nécessité d’approfondir le répertoire de la chanson haïtienne en explorant les thématiques qui y sont traitées. « Notre musique est riche, mais nous ne prenons pas
suffisamment de temps de la parcourir afin de découvrir les multiples opportunités qu’elle nous offre.
Les titres
1. « Istwa dwol » de l’artiste Belo
2. « Leve Cecilia » de Jean Claude Eugene
3. Nostalji de Rodrigue Milien
4. « Kilé nap di ase » de Wooly Saint-Louis Jean
5. “pitit kay”, de Carole Demismin
6. « Yo » un texte de Patrick Chamoiseau interpreté par Tabou Combo
7. Ayiti Cheri de Skah Shah,
8. « Si ou al an Ayiti »de Guy Durosier
9 et 10 « Le Mal du pays et Vieyo » interprétés par Manno
Charlemagne
11. « Nostalji de Martha Jean Claude
12. « Exil » de Nina Césaire
Le staff
Chanteuses : Stéphanie Guerrier, Lorrane Stessie Charles, Landie Charles
Musiciens : Caleb François, piano \ Philippe Augustin \basse, Marc Harold \ Percussion, Ferdinand Jean
Baptiste Guitariste et arrangeur
Directeur musical: Wooly St Louis Jean
Directeur artistique : Rolando Etienne
Conseillers : Bonel Auguste et Grégory Alexandre