Par Joe J.E Jean Charles
«Home» de l’écrivaine afro-américaine, Toni Morrison, se lit à haute voix dans les hauts lieux de Bourdon, à l’occasion des temps forts lancés autour de son œuvre par la Bibliothèque du Centre Culturel Pyepoudre, du 13 au 21 décembre 2019.
Quatre habitués de la scène, Paula Clermont Péan, Dominique Desmangles, Cédrick Brunache et Ginite Popotte ont réalisé, au Centre Culturel Pyepoudre, le vendredi 13 décembre 2019, une lecture scénique du roman poignant de la première femme noire écrivaine ayant obtenu le Prix Nobel de la littérature (1993) pour l’ensemble de ses œuvres.
Quatre voix retentissent dans les coins et recoins de la salle de spectacle du Centre Culturel Pyepoudre. Elles ont plongé l’assistance dans l’eau trouble d’une histoire à la fois passionnante et tragique. Une histoire qui bouleverse, car elle dénonce clairement les droits de l’homme gravement enfreints, le racisme et les trafics d’enfants (durant la guerre de Corée 1950-1953).
Devant un public attentif, ces quatre habitués de la scène, de blanc vêtus, ont donné vie, corps au texte le plus court de l’autrice américaine Toni Morrison.
Lors de la lecture-spectacle HOME, le vendredi 13 Décembre 2019. De gauche à dtoite: La directrice executive du Centre Culturel Pyepoudre, Louisna Laurent, la comédienne Paula Clermont Péan, Cédrick Brunache, Ginite Popote et Dominique Desmangles
Avec environ cent cinquante (150) pages, l’histoire que propulsent les quatre voix s’harmonisent en une véritable ode à la paix et à l’humanité. Une histoire poignante qui retrace la fuite d’un jeune homme, courant sur des trottoirs couvert de neige, d’un asile psychiatrique de Seattle.
Il s’appelle Frank Money. Il a, pour reprendre le titre français de Steel Helmet de Samuel Fuller, «vécu l’enfer de Corée». Frank Money, interprété par Cédrick Brunache sur la scène du Centre Culturel Pyepoudre, est noir. Traumatisé, en proie à une rage terrible qui s’exprime aussi bien physiquement que par des crises d’angoisses, il veut rejoindre la Géorgie et porter secours à sa petite sœur Cyndra, dite Cee, qui après avoir fui la misérable femme familiale qu’elle était pour suivre à la ville un bel escroc qui l’a abandonnée, est tombée dans les griffes d’un médecin expérimentateur, à qui elle sert de cobaye.
Après la Corée, après les quelques mois suivant sa démobilisation passés au nord de la côte Pacifique, Frank Money aspire à retrouver Atlanta son foyer, son «home». Il en est de même pour Cee, qui a été moins loin que son frère, mais qui a connu, à sa façon, la solitude, la précarité, l’amertume, le déracinement.
Les magiciens-nes de la scène ont tenu le public en haleine durant l’évolution de ce drame. L’une chante. Les autres fredonnent. Cédrick Brunache, l’unique homme de la partie, interprétant le rôle de Frank Money, crie terriblement sa rage son amertume, ses angoisses.
Paula Clermont Péan, au moment même de la lecture spectacle de HOME
Le silence de l’assistance est palpable, habille toute la salle. L’attention est sans commune mesure. Seules les quatres voix. La résonance est à dose maximale. Sagement, le public reste suspendu à leurs lèvres. L’assistance, curieuse, veut toutefois percer le mystère entourant cette histoire frissonnante. Elle veut connaitre la suite. Quoique longue, elle patiente, elle attend avec attention. Il est clair que le public se voit dans le récit. Il s’identifie à Frank Money et Cee. Il partage leur déboire, leur peine et leur angoisse.
Pour Walderks Bérose, étudiant à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), HOME est un chef-d’œuvre d’humanité. «Je suis heureux d’assister à la lecture-spectacle de l’une des meilleures romancières afro-américaine. Après lecture, on comprend que son prix Nobel de la littérature était amplement mérité. Merçi Pyepoudre» nous laisse-t-il entendre.
Jouant le rôle d’animatrice, la Directrice et comédienne, Louisna Laurent a quant à elle mis fin à l’activité en remerciant les acteurs et le public qui a fait le déplacement, tout en les invitant à continuer à participer activement dans les autres jours d’activité qui prendront fin jusqu’au 21 décembre avec une lecture-spectacle qui sera assurée par Gaëlle Bien-Aimé, David Duversseau et Phanuella Lincifort, 3hres PM.
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