Par Mérès Weche
C’est dans cette bâtisse en toile de fond qu’a eu lieu, à Ottawa, le samedi 15 février 2020, la séquence additionnelle au documentaire ÉMILIUS NIGER sur la vie et l’œuvre du grand poète Émile Roumer.
Aidés du professionnalisme de Martin Cavé en matière de filmage, nous avons pu constituer une plate-forme de réflexion pour faire ressortir, image par image, les particularités de ce personnage exceptionnel, né à Jérémie, mais appartenant à toute la nation haïtienne, par ses prises de position idéologiques en faveur du créole comme base de notre sauvetage national. Sa mémoire s’affiche au même tableau que celle d’un Nicolàs Guillen, cette autre grande figure de l’indigénisme en Amérique Latine.
Tour à tour, nous avons, aidés de Maurice Célestin, évoqué des faits saillants de la vie de ce grand poète haïtien qui croyait en la force du créole comme langue d’expression des sentiments humains les plus forts. En ce sens, il projetait de transposer dans notre langue nationale la pièce Othello de Shakespeare, une tragédie homonyme anglaise du XVIIe siècle mettant l’Homme au centre des problématiques de notre planète qui se meurt par trop d’hommerie.
En Haïti, dans le contexte humiliant de l’occupation, Émile Roumer prit fait et cause pour les valeurs essentiellement nationales, en substituant au terme Le Citron d’or – retenu par ses pairs pour nommer une Revue littéraire -, l’expression Revue indigène, en référence aux preux de 1803 qui nous ont légué cette patrie que nous-mêmes avilissons. Par l’essence de ses œuvres, Émile Roumer nous invite à nous réinventer, à l’image de nos aïeux, pour une Haïti essentiellement nationale, en langue et en cultures ; ce dernier terme étant pris dans un double sensː le travail de la terre et le respect de nos us et coutumes.