Par Mérès Weche
Il y a trois jours, j’ai dû m’en prendre à une cousine, arrivée en trombe chez moi, accompagnée de son fils aîné, avec de la nourriture fraichement cuite et assez consistante pour les trois personnes que nous sommes à la maison.
En posant un tel acte à la fois familial et “familier“, puisque c’était déjà à répétition, elle a été un peu offusquée d’être brusquement reçue, alors que je ne concevais pas quelle se soit mise en danger avec son enfant par ce temps de confinement obligatoire. J’espère qu’elle se remettra de cette inconvenance inhabituelle de ma part, car il n’y avait pas assez de “faim“ pour justifier ce moyen de grande sensibilité familiale.
Une inconvenance bien plus grande et d’une autre nature, mais très compréhensible, c’est cette mesure de dernière heure prise par un chef d’État africain de mettre l’amour sous embargo en interdisant pour six mois les rapports sexuels. Mesure très responsable, mais extrêmement coercitive en matière de survie des relations conjugales.
En effet, partout dans le monde, le fait même que les époux ou concubins soient confinés à résidence, ils se retrouvent en permanence et obligatoirement dans l’espace réduit du foyer ; ce qui sans nul doute provoque des attirances et va entrainer neuf mois plus tard des naissances même non voulues.
Chez nous en Haïti, quand la télé n’était pas encore très répandue dans les foyers, c’était le sexe qui la remplaçait comme passe-temps et amusement, et c’est encore le cas dans les coins les plus reculés du pays.
Raisonnons à l’inverse, disons qu’il existe une fois l’an en Haïti une occasion de réjouissance populaire, sans distinction de couleur, de classe sociale ou de statut professionnel, qu’est le carnaval. Deux années de suite, il n’a pas eu lieu en Haïti pour raisons politiques. Le coronavirus est venu rétablir cet ordre social en quarantaine depuis deux ans, prouvant que nous sommes tous à égalité sur le plan humain, tous diminués face à cette pandémie qui répand la terreur, que l’on soit puissant ou misérable.
Á l’inverse du confinement dû au coronavirus, nous connaissons en Haïti ce qu’on appelle la libre circulation en temps de carnaval. Il en est de même des libertés débridées qui amènent neuf mois plus tard ce qu’il convient d’appeler “les enfants des orgies carnavalesques“.
En comparant “sexuellement“ le confinement du coronavirus à la liberté de déplacement carnavalesque, l’on se rend compte que “des deux cotés le mal est infini“.
Que ce soit en Haïti ou ailleurs, il s’avère que les dirigeants payent aujourd’hui les conséquences de leurs inconséquences. Dans le milieu des grands décideurs de ce monde, les mutations génétiques ou les guerres bactériologiques se transforment en situations frénétiques, et ils ne savent à l’heure actuelle où donner de la tête. Temps insignes, ou signes des tempsɁ…