Par Joe J. E Jean Charles
Publié en mars 2018 à C3 Éditions, «Les racines des relations haïtiano-américaines» est un livre de portée historique d’une importance capitale que nous devrions tous lire et relire. Réalisation de la fougue de l’ancien lauréat du prix de la Société d’histoire et de géographie d’Haïti, Léon D. Pamphile, cet ouvrage de 93 pages fait le jour sur la vraie origine, les racines nombreuses et incassables, qui sont de manière sublime qualifiées par certains observateurs- de rapports bilatéraux établis entre Haïti et les États-Unis d’Amérique.
Si pour certains, l’histoire se présente uniquement comme ce que font les historiens. Pour d’autres, l’activité nommée histoire n’est foncièrement qu’une essence éternelle, une idée platonicienne. C’est plutôt une réalité elle-même historique, c’est à dire située dans le temps et dans l’espace, portée par des hommes qui se disent historiens et sont reconnus comme tels, reçue comme des histoires par des publics variés. Occupé par les Yankees de 1915 à 1934, Haïti, semble-t-il, est sous l’égide de la super puissance étoilée depuis beaucoup plus de temps que certains peuvent bien le penser aujourd’hui. Et quoi de mieux que des documents jusqu’alors non révélés, contenant les requêtes, confidences et rapports dressés par des personnages clés, qui ont activement participé au déplacement des pions et pièces sur l’échiquier politique de l’île ?
Tout de même, comme il est écrit en grands caractères sur la page de couverture, cet ouvrage qui affectionne tant bien que mal les larges fresques chronologiques tout en parcourant plusieurs siècles se veut le porteur d’un jour nouveau, luisant, surprenant et rationnel sur «les racines des relations haïtiano-américaines». Et pour se faire, le Dr Léon D. Pamphile nous confie bien des correspondances à travers des pages révélant la vraie nature des relations définissant le karma commun des deux pays, dont l’un est le subordonné invétéré. Ces lettres retrouvées, comme la mention en est fait noir sur blanc dès le tout début de l’étalage des échanges de courrier effectué par les deux protagonistes, soient le général Toussaint Louverture et/ou le consul américain Edward Steevens stationné au Cap-Français de 1798 à 1800, sont des documents soigneusement, fidèlement, copieusement retranscrits et témoignent manifestement de la dépendance vraisemblablement parasitaire de la république d’Haïti vis-à-vis de la patrie étoilée de Georges Washington.
À en juger par le cours d’un ensemble d’événements marquants, cette dépendance semble être strictement le fruit de certains liens diplomatiques et commerciaux hyper-forts et superficiellement complexes, découlant d’un long parcours, une complicité subtile, témoin de la pratique d’un négoce soutenu par le désir ardent de vaincre des ennemis commun, tant externes qu’internes. Et ce rapport commercial, excédant une durée de deux siècles, soit avant la date même de la proclamation de l’indépendance haïtienne (l’île en question) est d’une force extraordinaire.
Voyant en la personne de Toussaint Louverture, « une âme de lutte », un caractère doté d’une loyauté « infléchissable » et un sens du militarisme aiguillonné – des atouts allant dans le sens de leurs stratégies commerciale et politique – ils ont fait de lui une personne de confiance, un cerveau d’or dont les idées et initiatives méritent d’être soutenues en bonne et due forme. Et comme les États-Unis ont parrainé bon nombre des initiatives du général Toussaint Louverture, n’est- ce pas la preuve d’un certains investissement sûr, d’une envergure imposante ?
L’avenir seul saura dépoussiérer la lumière touffue des innombrables pages cachées de notre histoire de peuple. «Les racines des relations haïtiano-américaines» de l’auteur haïtien, Léon D. Pamphile, reste un livre que nous devrions tous lire et relire.
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