Le Ministère de la Culture et de la Communication déplore la mort du professeur Wooley Henriquez, survenue le 2 septembre 2021, aux États-Unis d’Amérique, où il a vécu ses 35 dernières années. Ses funérailles ont été chantées dans l’État de Floride, le samedi 11 septembre en cours, en présence de ses proches, ainsi que d’anciens collègues enseignants du droit, de la philosophie et des lettres modernes.
Cet intellectuel de belle eau qui avait refusé de prendre le vaccin contre le coronavirus a été malheureusement emporté par ce mal qui répand la terreur. Homme de théâtre, il a finalement joué de sa vie cette fatalité décrite par Jean de La Fontaine dans une de ses fables les plus moralisantes.
Bien longtemps, avant d’avoir roulé sa bosse en Afrique, où il fit preuve de ses talents comme Directeur du Théâtre National au Gabon, il fut dans les années 60 le compagnon de plume et de scène de maints comédiens et poètes dont la plupart se retrouvaient au sein du mouvement Haïti Littéraire réunissant Anthony Phelps, Roland Morisseau, Serge Legagneur, René Philoctète, pour ne citer que ceux-là. L’on se rappelle également sa performance poétique sur les ondes de Radio Cacique, dans ses heures de grande écoute. Il a laissé Haiti sous Francois Duvalier en 1962.
Son amitié avec Frankétienne témoigne de son engouement pour le théâtre jusqu’au soir de sa vie. Il avait d’ailleurs joué la pièce Calligula d’Albert Camus. Il a même essayé, avec ses amis Frankétienne ou encore Max Kénol, de reprendre tout récemment la célèbre pièce de Frankétienne, « Pèlentèt ».
Homme de grande culture, Wooley Henriquez s’exprimait dans plusieurs langues, telles que le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien et l’allemand. Il était tellement passionné de langues étrangères qu’il disait toujours avec une certaine pointe d’humour que son rêve finalement, c’était de parler le chinois. Pour avoir vécu en Europe de l’Est, notamment en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie, il fut avant sa mort, l’un des rares survivants à parler encore couramment le slave.
De son vivant, Wooley Henriquez s’était caractérisé par la rigueur de sa pensée et la justesse de ses analyses dans des domaines de spécialisation comme la littérature, le droit et la politique, domaines dans lesquels il se faisait particulièrement remarquer. Son érudition le portait à discuter avec aisance de la portée des grandes révolutions post-industrielles qui ont concouru au développement du monde moderne. Sa verve imposante retenait si bien l’attention que ses idées émergeaient dans des débats à l’échelle nationale et internationale.
A l’occasion du décès de cette figure de proue de l’intelligentsia haïtienne, le Ministère de la Culture et de la Communication présente ses condoléances à son neveu, l’ex-titulaire dudit Ministère, M. Pradel Henriquez, que ce deuil afflige.
Jean Emmanuel Jacquet
Ministre