Par Adlyne Bonhomme
« Sur chaque trois jeunes du quartier où j’ai grandi, au moins deux savaient couper les cheveux. On se coiffait les uns les autres dans le quartier. Nous ayant longtemps vus faire cela et convaincus de notre habileté, certains adultes sollicitaient nos services, qui avaient besoin de se faire une certaine élégance », confesse Wilner Louis dont on dirait, à l’écouter se vanter, qu’il n’a d’égal que lui-même dans le maniement de la tondeuse, des ciseaux et du rasoir.
« La qualité du service m’avait permis très vite de trouver d’autres clients parmi les collègues de travail des voisins de mon quartier que j’ai coiffés », a enchainé celui qui reconnait que le challenge n’était pas simple entre les nombreux gosses, qui coiffaient dans le quartier.
Cela devenait un vice sérieux pour le jeune homme au point que, souvent, au retour de l’école, Wilner passait au domicile d’un client honorer un contrat de contrat de coiffe passé la veille. « Nous aimions faire cela. Sans intérêt apparent. Mais à nous voir rémunérés à un certain moment des adultes du quartier, cela prenait de plus en plus chez nous l’allure d’un vœu », martèle le passionné, qui ne cache pas son amour à se mesurer aux défis des coupes à la mode.
Wilner est diplômé en réfrigération et en climatisation automobile. Il est parallèlement un boss carreleur qui commence à avoir une clientèle. Mais toujours, même quand il a du travail, s’arrache du temps pour coiffer les gens qui le lui demandent. Souvent, dit-il, quand il n’arrive pas à trouver du travail sur ses professions, c’est de son métier de coiffeur qu’il gère certains jours.
Si Wilner compte beaucoup d’années de pratique dans le métier de coiffeur, il s’est très peu engagé cependant avec des salons de coiffures, dit-il. « Je travaillais à deux reprises pour des salons, mais cela ne s’est pas toujours très bien passé et n’a à chaque fois duré que très peu de temps ». Ce qui explique son choix de travailler à son compte et à faire dans l’informel.
Le jeune père de famille projette toutefois de donner une dimension à la pratique du métier pour mieux le faire vivre. D’autant que certains clients lui conseillent de le faire. « Je pense que je finirai par créer un salon de coiffures, ne serait-ce que pour perdurer ce que j’ai aimé faire toute ma vie et où mes clients pourront mieux me payer pour mon travail », dit-il, la dernière partie de la phrase lâchée entre deux éclats de rire.