Par Lord Edwin Byron
« Un bateau
un quai pas fait
pour de trop grandes espérances
des pylônes de chairs et des doigts de câbles
Je pense à toi
la mer devient rouge
j’ai compris que tous les bateaux ne partent pas pour revenir «
Le poète n’est-il pas un éternel porteur de rêves, bâtisseur de monde et créateur de langage ? Ne se tromperont pas là-dessus, ceux/celles qui croient, au tout premier clin d’œil, que Hugh O. Gelin s’accroche bien à ces définitions. Avec son premier recueil » Rhapsodie d’ordures » paru en novembre 2020 chez les éditions Gouttes-Lettres, il tient déjà une place parmi ceux qui s’enivrent sans trêve ». De poésie et de vision. De folies créatrices. Et surtout d’un nouvel humanisme qui doit le pousser encore plus à habiter autrement sa ville.
« la ville dis-tu
est dans tes paupières
tu ne dors que le temps
des silences que certaines heures
traînent à leurs pieds » (P. 49)
Contre toutes les déchirures et les non-sens, les douleurs et les plaisirs instantanés, le poète Hugh O. Gelin fait un choix immense, celui de tisser sa folie et son sens du partage avec tant d’empathie et les soumettre aux lecteur.ice.s. à travers une poésie haletante faite de morceaux de rues et d’ordures, de bouts de passé et d’éternité. Ici on est en face d’un projet poétique à la fois ambitieux et convaincant. Une sorte de va-et-vient entre les soupirs et les battements d’une ville qu’il apprendra encore longtemps à aimer.
Entre la peur et la nostalgie, le poète, avec manière, se lance un défi qui n’est surtout pas des plus oiseux. Le défi d’être à l’abri des illusions et de braver les amas de regrets qui obstruent la voie de sa liberté.
Et pour y parvenir, il mobilise tant d’effets au service d’une ambiance textuelle, où le rythme se déballe avec justesse, à même d’asseoir en tout état de cause ses instincts naturels de folie. Le poète n’est-il pas aussi celui qui se bat pour que règne un peu d’harmonie dans son propre désordre? Les vers ici sont des sujets incontournables dans le grand décor d’un monde que le poète entend repenser et redimensionner.
« une ordure migrant en mauvais poète
puis en oiseau-métal
écrit un mauvais poème dédié à la lune
avec des vers incapables de se tenir la main pour chanter » (P. 53).
Avec un premier recueil, Hugh O. Gelin propose un voyage épatant, un corps à corps au beau milieu d’une folie qui n’attend aucune permission pour éclater de charme et de santé.
« Rhapsodie d’ordures » est un poème à relire.
Hugh O. Gelin – Rhapsodie d’ordures – Éditions Gouttes – lettres / 78 pages.