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Lettre à la bonne femme
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Lettre à la bonne femme

Par Douglas Zamor

C’est pour la première fois de toute mon existence que je puise sur la terre de mon inspiration une sévérité certaine. Celle-ci provient peut-être d’une cassure, je ne sais pas. Déjà, très vague, dans mon lit de plâtre, un soir jaillissant, rouge comme le limon des fièvres, tu épelles mon Nom par une balafre incisive.

En hochant la tête, Amour est le premier mot du contenu du message que tu jetais sur mon visage et qui franchissait tout de suite le seuil de mon courage plombé d’émotion mal amalgamée. Oh quel honneur de te sentir sur chaque branche de mes nerfs!

Tu vois? Parfois, j’ai le sentiment que l’amour est aride. Le peu qui nous reste est volatil. J’ai même le sentiment que nul ne peut comprendre les merveilles de tes belles mains. La sillouette de tes yeux. Les carnaies douces de ton paysage. Ici, la pluie abbat les rêves. La nuit et le jour se mélangent pour un spectacle horrible. La comédie humaine fait ses ravages. La nuit mange les plaies du jour. Toute la ville en pleure. Et la vie devient mortelle pour un peuple assoiffé de vie.

Et pourtant, je continue à croire aux pièges de ton regard mon amour. J’intégre le temps, j’avale en même temps les prépuces de ce plaisir décuplé de joie immense, comme si dans mon sommeil, le soleil entre mes bras pour respirer l’odeur de la révolution.

Je dis à coeur battant haut et fort: si le rêve coule le sang aujourd’hui, c’est parce que tu n’as pas pris le temps de collaborer mon amour. Et maintenant, je ne sais pas si je suis ni à l’abri de tes souvenirs, ni à l’entrée de ton cœur. Que le rêve éclaire la nuit que la nuit éclaire le rêve, je garde toujours dans mon tiroir l’attente de revoir ton sourire de femme, même pour une dernière fois, ton corps, goût comme la marbre par simple équation de l’imaginaire.

Je m’apprête à me laisser aller en chute libre dans l’enclos des paroles brûlantes juste pour te revoir singulière comme la mer du soir. THATOU, nous étions vivement moitié-moitié égaux à l’amour et à la vie. Comprends mes suplication s’il te plait!

Je n’arrive pas à consommer la crème de ce voyage imposant, pareille à une toile d’araignée sur l’écran solennel du rire-ensemble.

En passant, en pensant à toi Ciel, je ne veux certainement pas avoir une idée « trans-européenne » de la femme ou la « trans-européanité » couvre un peu plus le moteur de l’espoir qui sert de chasse-gardée à ma survie.

Samba que je suis, je veux affûter nos premières émotions qui ont jalonnées jusqu’ici les rivages crus de notre histoire, la flore fructueuse et en même temps douloureuse de nos desaccords. Je n’oublie pas non plus Ciel la douceur de tes surnoms remarquables accolés à mon être, le wagon qui traine les charmes solennelles de ton robuste corps.

Combien de temps nous reste-t-il encore dans cet amas de misère? Je cris l’espoir du plus profond de moi-même jusqu’à ce que le temps perde son dernier souffle. La main dans la main pour un complot veritable. Camarades, la vie a besoin de nos mains.

L’automne est mûre sous l’effet de ton regard ciel. Tes yeux hagards transmettent le fibre immortel de l’amour. Combien de fois le sucre et le sel s’entretuent pour connaître seulement le bitume doré accompli sous tes jambes moissonneuses? Le chagrin est parfois un costume ouvert sur l’amour. Je suis là, partout dans ma faiblesse, rougissant comme un fleuve en attente. Fabuleuse notre rencontre, tu étais pour moi un souvenir bleu, plein du bleu de tes rêves. Et maintenant tu es l’histoire même qui change mon cœur en terrain de détritus. Les enfants de la colère, au jour le jour dorment et meurent toujours sur mon ventre éffarant.

J’avais toujours envie de rester à côté de toi pour te protéger du danger de la vie et te servir de parre-brise aux vitres de tes désirs.

Enfin, tu pars. Tu pars peut-être avec l’élan de ma passion, les blessures de notre passé enfoui. Mais, prends bien soin de toi Ciel! Souviens toi que tu restes encore ce matin ensoleillé qui ne s’eface jamais sur le tableau clair de mon inspiration.

Ô mon pays Haïti, femme affligée !

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