Par Johanne Refusé,
Psychologue
Le 10 octobre est consacré « Journée mondiale de la santé mentale ». Cette année, l’Organisation mondiale de la sante (OMS) commémore cette date sur le thème « prévention du suicide » avec comme objectif d’encourager les pays à développer ou à renforcer leurs stratégies globales de prévention du suicide selon une approche multisectorielle de la santé publique.
Un rapport en la matière a été publié en constatant que toutes les 40 secondes une personne se suicide quelque part dans le monde et bien plus tentent de mettre fin à leurs jours. Les jeunes sont beaucoup plus touchés par ce phénomène.
Le suicide est un acte si intense et tellement insupportable que la plupart des proches ne sauront jamais s’en remettre. C’est un drame terrifiant auquel se rattachent les sentiments de culpabilité et d’impuissance extrêmes. Une crise suicidaire est souvent l’aboutissement d’un long processus psychique, le signe d’une grande souffrance, d’une rupture de la personne avec son environnement et d’une perte de ses facultés d’adaptation.
La situation économique et sociale représente une des grilles de lecture pour comprendre les prédispositions aux suicides. Qu’en est-il d’Haïti ? Un pays où son histoire est marquée par la récurrence d’évènements traumatogènes avec les nombreuses répétitions compulsives de traumatismes liés à l’esclavage, étayées sur le plan social par le déchirement et l’instabilité politique incessante. Un pays où sa situation socio-économique se dégrade de plus en plus, en raison de la mauvaise gouvernance des élites politiques de ces vingt dernières années, accélérant le processus de paupérisation des couches les plus vulnérables de la population déjà essoufflées.
La crise politique, la mauvaise gouvernance et l’instabilité économique ont fragilisé une population de plus en plus exposée à la précarité et à l’inadéquation des mécanismes traditionnels de survie. Ce peuple osera-t-il déclarer son mal- être en se suicidant ?
Pourtant, et contre toute attente, la majeure partie des gens luttent pour améliorer leur condition de vie.
En absence de données épidémiologiques, les fausses conceptions sur la question du suicide en Haïti contribuent à construire un tabou et à constituer un problème que l’on ne voudrait pas parler. L’essentiel est de reconnaitre les signaux d’alerte et d’adopter une attitude bienveillante envers l’autre, engager le dialogue, de maintenir un lien affectif avec la personne en crise, écouter la personne et surtout l’inciter à consulter.
Le 10 octobre est dédié à l’éducation et à la sensibilisation du public envers la santé mentale contre la stigmatisation. Elle a été célébrée pour la première fois en 1992.