Par Jean Emmanuel Jacquet
Voici un entretien réalisé avec la chanteuse Anie Alerte, en prélude à la sortie de sa nouvelle chanson interprétée, Sodade, de l’icône capverdienne de la chanson, Cesária Evora. Un choix qui est, pour la chanteuse, doublement important : sa vie et sa quête de l’international.
Sibelle Haïti : Parle-nous un peu de ce nouveau projet et de sa finalité ?
Anie Alerte : C’est une nouvelle musique que je vais sortir en compagnie de Fanfan du groupe Tabou Combo. Fanfan qui, à ce jour, représente pour moi un père dans le monde musical, en Haïti ou partout ailleurs. C’est d’ailleurs lui qui entreprend presque toutes les démarches au niveau international. « Anie, tu as beaucoup de talents tu dois continuer ; mais sans le marché international, tu ne seras qu’une inconnue aux yeux de tout le monde » m’a-t-il avoué une fois. Après m’avoir mis en contact avec le manager de Cesária Evora, on en a profité pour travailler ensemble sur cette nouvelle production.
« Sodade » qui signifie profond regret, profonde tristesse) est une musique qui parle de ma vie ; moi qui fus obligée de laisser ma terre natale sans les papiers, et laisser ma famille derrière moi. C’est la vie presque de tous les Haïtiens d’aujourd’hui. « Sodade » est donc un titre bien choisi qui me permet de m’exprimer.
S.H. : Qu’est ce qui caractérise les musiques de Anie Alerte ?
A.A. : La majorité des musiques que j’interprète sur scène font partie de ma vie ; ce sont des choses qui m’arrivent tous les jours. Une fois en France, quelqu’un m’a comparée à Amy Winehouse et une autre chanteuse haïtienne dont je ne me rappelle pas le nom. Ce sont des chanteuses qui expriment leurs douleurs dans ce qu’elles chantent. La musique « Yo » par exemple de Tabou Combo est l’un des morceaux ayant traversé toute ma vie. Je n’étais pas une princesse, je ne peux pas prendre le risque de chanter n’importe quoi (M gen bèl tenis, m s on bèl fanm)… Ce sera un crime pour ma carrière. J’ai une vie et je veux la faire passer à travers la musique.
S.H. : Qu’est-ce qui fait d’Anie Alerte ce qu’elle est aujourd’hui, à part la musique ?
A.A. : Arriver là où je suis aujourd’hui a été un dur labeur. Originaire du Nord du pays, ce n’est pas sans difficultés que ma mère a pu débattre afin que j’aie le minimum de ce dont j’avais besoin. Beaucoup de pleurs, beaucoup de souffrances ont servi à forger la femme que je suis et la carrière que j’ai aujourd’hui. J’ai à ce jour une musique en langue portugaise pour laquelle je dois me rendre au Brésil, mais la vidéo est tournée en Haïti, car, je sais d’où je viens.
Retranscrits par Valéry Gérome