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SOIXANTE ANS
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SOIXANTE ANS

Par Marie Alice Théard

 

Une brise légère au coude de la rue s’accorde le loisir d’emprunter les ruelles embaumées de mélasse et de sucre de ma mémoire

Pareils á des épaves arrivées lá par hasard dans le vagabondage des pas de mon chemin de vie

S’y attardent les ajouts et les repentirs

Les énigmes et les mystères en route pour le sfumato de l’oubli

Il n’y a ni vainqueurs ni vaincus au fil des rencontres flirtant avec mes souvenirs

Tout ce qui était essentiel à mes yeux de vingt ans devient futilité

Se voile la densité de mes vertiges amoureux et de mes débordements accomplis

 

Dans le cimetière de mes bonnes intentions

Se module le chapelet ininterrompu des erreurs commises et des trains ratés

S’égrainent les idylles avortées et les passions inassouvies

Sous l’ombrelle des reniements et des recommencements

Se rassemblent les critiques incisives les silences complices

L’affection complaisante les notes discordantes et les amours absentes

 

S’y côtoient les amitiés fanées et les souffrances infligées par les rêves indéchiffrables

Échoués sur les rives de mes ajouts de bonheur inépuisable

Tous ces tumultes prennent le chemin de l’ardoise exposée sur la passerelle des vents souffleurs de mes extravagances et de mes obsessions

 

Mes fantaisies contraires se vouent à mes promesses d’été et leurs priorités

L’énergie source de mon éternité se trouve mêlée á l’instant où demain se conjugue dans la fourgue du présent

S’enflammant à l’incandescence du sentiment d’urgence du nouvel amant

Age d’or poussière d’argent de mes jours où tout se métisse dans l’air de l’amour

Toujours téméraire hardie éprise de liberté et de renaissance je chante la joie de ressourcer mon âme dans l’ondoiement d’un regard

(août 2013)

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