Par Mackenson Joseph
Qui n’aime pas l’arôme agréable du « Bazilik »? On en fait du thé pour traiter « 101 maladies » et bien d’autres encore. C’est avec ces mots que Winifred Ulysse alias Dwyss, CEO de « Bazilik Ayiti » avait ouvert la célébration du premier anniversaire du groupe, ce samedi 6 mars 2021.
Prévu pour 16h, le spectacle a finalement débuté 30 minutes plus tard. Ce fut au local de Café Dumas à la Rue Biassou à Delmas 31 que le jeune groupe avait donné rendez-vous au grand public pour souffler cette première bougie. Ayant fait le pari, un an de cela, en plein confinement dû au Covid-19, d’embrasser l’entrepreneuriat et la culture pour montrer que rien n’est jamais perdu tant qu’il y a des jeunes, le groupe n’a pas lésiné pour montrer que » demen se jodia ».
La fête, une fois lancée, on enchaînait avec la valse de jeunes artistes de toute pouesse qui allaient et venaient offrir leur talent à un public acquis à leur cause.
Les petits problèmes de sonorisation du début n’ont pas empêché à une assistance venue pour s’amuser d’apprécier les performances de ces jeunes qui, avec leurs talents, ont fait le pari d’être un remède aux divers maux de la société, selon les propos de Dwyss. Entre créativité, innovation et passion, des voix mêlées à la douceur, l’art aura été présenté dans toute sa splendeur.
Chaque jeune artiste encadré et plébiscité par le groupe a sorti le grand jeu pour offrir à l’assistance un grand « Bazilik spectacle ». Dès l’entame, KAW, un quatuor de slameurs a régalé. Le public, déjà sous le charme, s’est fait une idée de ce qui leur était réservé. Le slogan phare de la soirée « Sa m wè pou nou Antwàn nan Gomye deja wè l » aura eu tout son sens.
Après le slam, place au chant. Le jeune chanteur Nico, dans sa superbe prestation, a visité plusieurs rythmes allant du dance hall au compas pour le bonheur d’un parterre de jeunes à l’affût de divertissement. Pendant une dizaine de minutes, autant par sa propre composition que l’interprétation de l’ancien tube « Zenglendo » du groupe Carimi, il a séduit la gent féminine qui a retrouvé leur premier cible de la soirée. Il était 18 heures lorsqu’il invita la petite foule à venir se masser devant le podium. L’assistance était déjà en liesse. Assuré déjà du feedback positif de sa prestation, Nico laissait la scène pour aller chercher lui-même une ravissante jeune fille pour l’accompagner sur la scène. Sa prestation a forcé l’admiration tant par sa voix et son style. On peut voir en lui une prochaine bête de scène.
Une petite pause forcée par une coupure de courant n’aura pas éteint l’enthousiasme. Vite résolu, on avait droit à une chorégraphie qu’on ne voit presque plus dans nos spectacles. Des pas de danse exécutés au millimètre près par deux jeunes danseuses, ont séduit les amant.e.s de la danse folklorique. Les corps et les gestes portés au rythme des tambours endiablés semblaient augmenter la faim du public qui aurait aimé les avoir danser plus longtemps.
Lovely Marcellus
Mais, le menu était aussi riche que diversifié. Aussitôt les danseuses cédaient leur place, comme pour alléger le tempo qui, trop tôt, allait crescendo, les notes somptueuses du violon de Lovely Marcellus ont transporté tout le monde vers un univers dont seul son instrument et elle possèdent le secret. Artiste dans l’âme, elle habitait religieusement. Ce fut encore plus agréable de voir l’assistance accompagner chaque note de l’instrument.
Rarement on a vu un public aussi collaboratif dans la célébration d’un premier anniversaire. Également, on n’aura pas vu de jeunes artistes manifester telle aisance sur scène et ainsi développer telle complicité avec leur public. Certes, ils n’étaient pas nombreux à faire le déplacement, en raison de la situation du pays et du temps maussade, les quelques vingtaines présents étaient venus rendre hommage à l’initiative Bazilik Ayiti.
Adonaï
Adonaï a électrisé le public avec sa voix. Son interprétation de »Ayibobo » de Mikaben et de Paul Beaubrun a fait danser la petite foule. Le jeune chanteur, à lui seul, a pimenté la soirée.
L’ambiance était à son pic lorsque le jeune humoriste, Bendjibi, a pris le relais en agrémentant le menu avec la sauce du fou rire. Ses blagues, frisant la réalité et le ridicule, ont osé interpeller le sens critique d’une société en agonie. « Castigat ridendo mores », dit-on .
Zikòs
Vers les 18h30, Zikòs est annoncé. Son entrée sous une pluie d’applaudissements témoignait de la popularité dont il bénéficie auprès de l’assistance. Pour cette prestation, le jeune rappeur a mis à l’honneur la femme et la culture. Avec un verbe mesuré et truffé de petites perles poétiquement taillées, Zikòs a mis à nu les complaintes d’une majorité trop longtemps affaiblie par la médiocrité et l’injustice. Son cri pour donner plus de place à la culture a marqué la soirée. Ce qui cadre avec le pari que caresse « Bazilik Mizik ».
Les prestations de Zikòs, d’Assh et de Bendjibi furent les moments phares de la soirée. L’interaction avec le public en témoignait. La petite pépinière de Bazilik a, pour son premier anniversaire, offert un « Bazilik Spectacle » dont l’arôme offre déjà une vue sur ce qu’elle compte offrir à leur plus prochaine prestation.
Le Tandem Zikòs et Dwyss Team a clôturé le spectacle. Artistes et public, en toute convivialité, se sont rejoints sur la scène dans une ambiance surchauffée.
Aux environs de 20 heures, Dwyss, entouré des membres de son staff, annonçait officiellement la fin du programme. La petite foule, satisfaite, est partie avec le sourire aux lèvres.
Si le beau est difficile, « Bazilik Ayiti » a su offrir, pour son premier anniversaire, un menu qui rend justice à leur passion pour l’art: difficile n’est qu’un mot, pas une réalité !
Pour rappel, « Bazilik Ayiti » est aussi une jeune entreprise qui offre des services en design graphique et communication promotionnelle.