Par Walner Olivier
Zansèt continue avec ses réflexions et ses débats sur la vie politique en Haïti. Pour une analyse des trente-quatre(34) années de transition démocratique en Haïti (7 février 1986 – 7 février 2020), l’organisation politique Zansèt de Jacmel a organisé, au Club Belvedère, le jeudi 6 février 2020, une réflexion autour du thème : « Gany fevriye 86 yo nan batay demokratik an Ayiti », avec le professeur Wilson Jn Baptiste.
L’intervenant a, au début de son discours, questionné la sémantique du thème. Les acquis (Gany) de 1986 avec le renversement de la dictature des Duvalier, donnaient lieu à un affranchissement. Un événement considéré par les Haïtiens comme une « deuxième indépendance », a souligné Wilson Jn Baptiste. Mais inachevée.
La rupture de 1986 ayant donné lieu au système démocratique semble ne pas aboutir aux objectifs fixés. Le mouvement social pour le changement a créé des slogans pour exprimer la fin de l’ordre établi, tout en indiquant son but. « Ke makak la kase, Ayiti libere, Jean Claude ale, Fòk sa chanje.». La population voulait des «institutions démocratiques, la consolidation de l’État de droit, la diminution des inégalités socio-économiques et le démarrage économique», qui sont jusqu’à présent quasi inexistants. En ce sens, Wilson Jn Baptiste insiste pour dire : « Il me parait gênant de parler de [février] 86 comme une victoire (gany).»
Trente-quatre (34) ans après, la situation est encore chaotique. La réalité saute aux yeux. « Misère, chômage, insécurité, injustice, inégalité, l’inexistence d’eau potable, de crédit pour les agriculteurs, etc.» sont entre autres des problèmes listés par le politiste W. Jn Baptiste justifiant que le pays est défaillant.
La question de la souveraineté est aussi un fait relaté dans son exposé. « Depuis que les forces onusiennes sont présentes sur le territoire d’un pays, c’est un Etat failli suivant le chapitre sept de l’ONU », a-t-il poursuivi.
Le conférencier a conclu pour dire que février 86 a donné des résultats. Mais ils sont mal gérés. Les combats avaient renversé les dictateurs mais non les pratiques dictatoriales, a-t-il fait connaitre. Selon le professeur, il est nécessaire pour que les Haïtiens se mettent ensemble, bannissent la division, aient un véritable projet de société et soient très critiques envers eux-mêmes pour ne pas produire les mêmes erreurs.